Session 13 du cycle de webinaires consacré à la santé environnementale du jeune enfant et organisé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’Agence régionale de santé dans le cadre du PRSE4.
Ce webinaire s’adressait aux professionnel.les de la périnatalité et de la petite enfance. Il était animé par Gaëlle VIOLET de la Mutualité Française Pays de la Loire avec les interventions de :
Mme Camille Rouzeau, médecin généraliste, co-autrice des recommandations « produits chimiques » pour le collège national des sages-femmes
M. Olivier Gras, chef de bureau produits chimiques, ministère de la transition écologique
Et Mme Elodie Verdier, chargée de mission biocides, ministère de la transition écologique
LE SUJET
75 % des ménages ont utilisé un pesticide, au moins une fois dans l’année, principalement contre les insectes volants (Pestihomes, Anses 2014). Le baromètre santé de l’ORS Pays de la Loire 2021 quant à lui, indique qu’un ligérien sur deux a utilisé un pesticide dans les 3 derniers mois précédent l’enquête. Potentiellement nocif pour la santé, leur mésusage est même contre-productif pouvant augmenter la résistance des insectes et parasites visés.
A l’approche de l’été, devant la prolifération de certains nuisibles comme les fourmis, les moustiques et autres insectes, nombre de futurs parents ou parents de jeunes enfants peuvent être démunis et à la recherche de solutions.
CE QU’IL FAUT RETENIR
Quelques éléments de définition
Un pesticide est un terme générique qui désigne une substance visant à repousser, détruire ou rendre inoffensifs ce que nous considérons comme nuisibles. En terme de réglementation fixée par l’union européenne, on distingue :
les produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires : produits à usage agricole
les produits antiparasitaires : produits à usage humain ou vétérinaire
les produits biocides : substances ou préparations (chimiques ou biologiques) destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensif des organismes vivants nuisibles aux activités humaines par une action autre qu’une simple action physique ou mécanique.
Où trouve-t-on des biocides ?
En milieu industriel : produits utilisés dans l’agroalimentaire, la potabilisation de l’eau ou dans l’industrie chimique lourde.
En milieu professionnel : Par exemple, dans le secteur de l’élevage, de la protection du bois ou de la désinsectisation (punaises de lits…).
Au quotidien : Désinfectant, gel hydro alcoolique, répulsif d’insectes, mais aussi certains produits traités tels que le mobilier de jardin (fongicides), la peinture, les cosmétiques (conservateurs) ou encore les textiles.
Quelles sont les voies de contamination ?
L’ingestion via l’alimentation ou l’ingestion de poussières
L’inhalation de particules via des aérosols
Le contact cutané
Quelles sont les risques pour la santé ?
L’exposition aux pesticides peut entrainer des effets pour la santé en cas d’intoxication aiguë mais aussi en cas d’exposition chronique (par exemple l’augmentation du risque de certains cancers, ou encore des maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson).
Des expositions aux pesticides à faible dose peuvent avoir des conséquences pour la santé à long terme. La période périnatale est une période de vulnérabilité particulière et des expositions aux pesticides durant cette période de développement, même à faibles doses, peuvent avoir des conséquences sur la santé à long terme. Ainsi, l’expertise INSERM (2021) a mis en évidence une présomption forte d’un lien entre usage domestique de pesticides pendant la grossesse ou l’enfance et les leucémies aiguës lymphoblastiques et myéloïdes de l’enfant ainsi que des tumeurs du système nerveux centrale de l’enfant.
Pour limiter les mésusages ou l’usage trop importants de pesticides, la réglementation prévoit :
L’évaluation des substances, des mélanges et des modalités d’usage.
Des études régulières d’imprégnation.
D’autres mesures telles que l’interdiction de rabais sur les biocides ou de mentions trompeuses telles que « 100% naturelle, sans danger pour la santé ».
Formation des professionnels pour un meilleur usage des biocides.
Afin de former les professionnels qui commandent ou utilisent des biocides, le ministère a mis en place des certifications sur les « produits biocides ». Les établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE) et maternités sont concernés par le certibiocides « désinfectant ». Ce sont les décideurs des produits et des protocoles qui doivent être formés. La formation en ligne dure 7 heures et le certificat est valable pendant 5 ans. La formation doit être réalisée avant le 31/12/2024.
Quel objectif est recherché ? Cet objectif est-il justifié ? A-t-on besoin d’un produit biocide pour cela ? Certaines mesures simples permettent de prévenir les infestations ou de limiter la prolifération des nuisibles, et ainsi d’éviter le recours à des produits biocides.
A titre d’exemple :
Faire régulièrement le ménage et ranger les aliments dans des contenants hermétiques pour limiter la prolifération de certains nuisibles comme les cafards.
Vider les coupelles d’eau stagnante dans les jardins pour limiter la prolifération des moustiques.
En cas d’infestation de nuisibles, il convient de privilégier les méthodes thermiques, biologiques et mécaniques lorsque cela est possible.
Quelques exemples de méthodes sans pesticides :
Utilisation de moustiquaires aux fenêtres
Lavage de la literie à 60 ° contre les acariens
Utilisation de pièges mécaniques contre certains nuisibles , …
► Bien choisir des biocides ou antiparasitaires.
Cas des maladies vectorielles :
Parfois, l’usage de biocides va être nécessaire. C’est notamment le cas lors de risque de maladie vectorielle avec une balance bénéfices/risques qui peut être favorable à leurs usages. Il faut alors se référer aux recommandations sanitaires existantes. Par exemple les recommandations sanitaires aux voyageurs 2024 du Haut Conseil de la santé publique pour les mesures de prévention du paludisme.
Les biocides : L’étiquette est la première source d’information pour le consommateur !
Quand cela est possible, pour un même objectif, choisir un produit bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché (inscrit sur l’étiquette, de type FR-20XX-XXXX) et à défaut consulter leur déclaration via https://biocid-anses.fr
Quelques recommandations :
– Se méfier des informations de types « 100% naturels, sans risques pour la santé ou l’environnement ». Il n’y a pas de biocides sans risques et ces allégations sont interdites.
– Privilégier les produits sous formes d’appâts et gels et traiter la zone la plus restreinte possible, plutôt que des aérosols qui diffusent largement dans l’environnement intérieur.
Le recours à des professionnels est parfois nécessaire pour des conseils adaptés (usage antiparasitaire vétérinaire) ou pour des traitements spécifiques en cas de danger (frelons, guêpes) ou d’infestations persistantes.
► Bien les utiliser
Un produit destiné aux professionnels ne doit en aucun cas être utilisé par un particulier.
Ne pas faire de réserve de produits biocides ou en trop grande quantité car la date de péremption risque d’être dépassée et les réglementations évoluent (risque de produits non conformes)
Conserver dans son contenu d’origine pour éviter les confusions.
Lire les précautions d’usage des étiquettes.
Porter les protections recommandées notamment les gants à usage unique.
Éviter tant que possible la manipulation par les femmes enceintes et à proximité des enfants.
Se laver les mains après usage.
Aérer le logement au moins 10 minutes par jour.
Laver et dépoussiérer régulièrement afin d’évacuer les poussières, potentiellement chargées en polluants.
Attendre 3 mois avant d‘installer bébé dans une chambre rénovée.
Déballer les meubles, notamment ceux pouvant être traités et les aérer dans une pièce bien ventilée avant de les installer.
Le cycle de webinaires « Devenez relais santé environnementale du jeune enfant » est proposé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’ARS Pays de la Loire dans le cadre du PRSE4. Il s’adresse aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.
Son objectif : proposer une culture commune sur les connaissances fondamentales en santé environnementale et apporter des conseils simples à transmettre aux publics accompagnés par les professionnels.