[WEBINAIRE] Quel impact de l’environnement sur la fertilité et la grossesse ?

Webinaire Santé environnement Fertilité et Grossesse

Session 7 du cycle de webinaires consacré à la santé environnementale du jeune enfant et organisé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’Agence régionale de santé dans le cadre du PRSE3.

Ce webinaire a été suivi le 5 octobre 2021 par des professionnel.les de la périnatalité et de la petite enfance.

Il était animé par Gaëlle VIOLET de la Mutualité Française Pays de la Loire avec l’intervention de Ronan Le GARLANTEZEC, médecin, chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset – INSERM), praticien hospitalier au CHU de Rennes et directeur du centre de prévention des risques environnementaux et reproduction en Bretagne (PRE2B).

LE SUJET

En France, un couple sur 8 consulte pour des difficultés à concevoir un enfant et 10% des couples restent infertiles après deux ans de tentatives. S’ajoutent à cela les pubertés précoces et les malformations génétiques de plus en plus observées.

Si l’âge plus tardif de procréation est un des facteurs explicatifs, les expositions à des substances chimiques de notre environnement pourraient expliquer en partie ces effets sur la reproduction et le développement de l’être humain.

Quelles sont les substances et les expositions à risque pour la fertilité et la grossesse ? Comment s’en protéger ? Comment investiguer l’environnement quotidien des couples pour les conseiller au mieux ?

Autant de points que ce webinaire se proposait de passer en revue sous l’éclairage des dernières recherches scientifiques.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Pourquoi y a t-il des inquiétudes sur la fertilité ?

Depuis les années 70, les craintes sur la baisse de la fertilité sont croissantes, notamment en raison d’études scientifiques qui ont pointé la baisse de la qualité spermatique.
En réalité, le débat scientifique n’est pas tranché sur une baisse séculaire de la qualité spermatique. En parallèle, on observe une augmentation de la présence de substances chimiques pour lesquelles il y a beaucoup d’inconnus sur leur potentiel reprotoxique.

Qu’est-ce qu’on étudie quand on s’intéresse à la fertilité ?

Outre le spermogramme chez l’homme, on peut étudier les hormones de la reproduction.
Chez la femme, on s’intéresse au cycle menstruel, à la réserve ovarienne, à des pathologies telles que l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, mais également aux malformations génitales ou à la puberté précoce.

Comment étudie-t-on l’impact de l’environnement sur la fertilité ?

La recherche se fonde sur deux grandes méthodes :

  • les études toxicologiques (in vitro, in vivo et in silico) qui évaluent le potentiel toxique d’une substance chimique.
  • les études épidémiologiques qui étudient les expositions réelles des populations dans le temps.

L’approche épidémiologique est extrêmement intéressante car elle renvoie aux modes de vies des personnes (ce qu’elles consomment, leurs pratiques d’activités physiques, leur exposition professionnelle, etc.). Si elle établit des liens de corrélations, elle ne permet cependant pas d’avancer des liens de causalité. Par ailleurs, l’étude épidémiologique n’aborde pas les mécanismes, ni les modes d’action. Cela implique un dialogue entre les disciplines Toxicologie et Epidémiologie avant d’établir clairement un lien de causalité entre exposition à des substances chimiques et conséquences sur la fertilité.

L’impact des perturbateurs endocriniens sur la fertilité

Les perturbateurs endocriniens sont très présents dans notre quotidien. Ils ont des caractéristiques spécifiques : ils peuvent agir à faible dose, ils sont biocumulables et peuvent avoir des effets différés dans le temps.

Une exposition prénatale peut ainsi expliquer l’origine de certaines maladies qui surviennent à l’âge adulte. On parle alors du concept de DOHaD (Developmental Origins of Health and Disease /Origines développementales de la santé et des maladies).

Nous pouvons illustrer ce concept de DOHaD à travers 3 exemples :

  • l’exemple du Distilbène : Prescrit dans les années 50 aux femmes enceintes, ce médicament a engendré, sur deux voire 3 générations de petites filles et petits garçons, des problèmes de fertilité ou des risques accrus de cancer.
  • une étude menée auprès de jeunes hommes en service militaire : cette étude suisse révèle que les participants ayant une qualité spermatique moindre étaient ceux dont la mère avait été exposée à des substances chimiques neurotoxiques durant son activité professionnelle alors qu’elle était enceinte.
  • l’état de la réserve ovarienne qui va influencer la fertilité : La fertilité peut certes être affectée après la naissance, sur la base d’un stock ovarien normal mais qui aura pu être perturbé par un traitement de chimiothérapie de la jeune femme ou par le tabagisme. Mais un manque de fertilité à l’âge adulte peut être également dî à l’exposition in utero à des substances nocives ; le bébé fille est alors née avec une réserve ovarienne déjà affectée.

Fertilité et exposition aux substances chimiques

Le tabac
Lors d’expositions anténatales, le tabagisme peut avoir des effets tels que la diminution de la qualité spermatique, une puberté précoce ou l’allongement de la durée de conception.
Une exposition postnatale peut induire une diminution spermatique, l’allongement du délai de conception ou encore une ménopause précoce.

Plomb, pesticides et solvants
Le plomb ou certains pesticides et solvants vont avoir des conséquences sur la fertilité en cas d’exposition anténatale et post-natale, particulièrement en cas d’expositions professionnelles.

Fertilité et environnement

Si l’environnement peut avoir une influence négative sur la fertilité féminine et masculine, il peut aussi agir de manière positive. On peut en effet observer des impacts favorables des espaces verts (espaces végétalisés) et des « espaces bleus » (canal, lac, mer, rivière, fleuve, ruisseau…) sur la fertilité et la grossesse, notamment avec une diminution des risques de prématurité ou une baisse des retards de croissance intra-uterins.

Comment accompagner les parents et futurs parents ?

  • Privilégier une approche globale reposant sur des conseils simples à mettre en œuvre plutôt que vouloir répondre de manière précise aux effets de telles ou telles substances et ses effets sur la santé. Par exemple, pour l’usage des cosmétiques, il s’agira moins de repérer la présence de parabènes ou autres substances dans la composition des produits mais plutôt de limiter leur nombre ou les choisir choisir avec une liste courte d’ingrédients. A ce titre, les sages-femmes pourront s’appuyer sur les recommandations du collège national des sages-femmes
  • Hiérarchiser les risques dans l’accompagnement (tabac, alcool, exposition professionnelle)
  • Développer une approche non culpabilisante adaptée à la réalité de vie des personnes et interroger les usages dans une perspective de limitation des risques plutôt que de risque zéro.
  • Orienter les publics vers les ressources fiables
  • En cas de recours à la PMA, promouvoir des centres d’expertises. En France, il existe plusieurs centres de consultation avancée, membres du réseau PREVENIR (Prévention, Environnement, Reproduction) dont le centre PRE2B fait partie. Leur objectif est d’évaluer, avec les couples infertiles, les risques reprotoxiques environnementaux professionnels et extraprofessionnels afin de les guider vers des conseils de prévention. Lors d’une consultation spécialisée d’1h30, le couple se voit proposer un bilan médical et un questionnaire environnemental portant sur ses habitudes de vie (prise d’alcool, tabac,..), son cadre de travail (poste occupé, manipulation de produits) et son cadre de vie (logement, usage de produits spécifiques, loisir,..). A l’issue de ce rendez-vous, le couple reçoit des conseils génériques, complétés de conseils plus spécifiques et gradués selon la situation de chacun.

REPLAY et POWERPOINT

L'INTERVENANT

Ronan LE GARLANTAZEC
Médecin, Ronan Le Garlantezec est chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset – INSERM). Il est par ailleurs praticien hospitalier au CHU de Rennes et directeur du centre de prévention des risques environnementaux et reproduction en Bretagne (PRE2B).

POUR ALLER PLUS LOIN

RESSOURCES CITEES AU COURS DU WEBINAIRE

[ETUDE] Etude Pélagie Perturbateurs Endocriniens et Anomalies Grossesse, Infertilité et l’Enfance

[EXPERTISE] Pesticides et santé, nouvelles données (Inserm, 2021)

[ALERTE] Exposition humaine aux produits chimiques toxiques (Fédération internationale  des gynécologues obstétriciens)

[COMMUNIQUE] L’impact des produits chimiques toxiques sur la santé reproductive

[ETUDE] Exposition professionnelle de la mère à des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse

[ETUDE] Substances chimiques provenant des produits de soins personnels chez les adolescentes

 

RESSOURCES COMPLEMENTAIRES POUR LES PROFESSIONNELS

[SITE INTERNET] Tous les chapitres des recommandations de pratique clinique du CNSF

[PDF] Synthèse des recommandations de pratique clinique du CNSF

[WEBINAIRE] « Perturbateurs endocriniens : quels impacts sur la santé du jeune enfant ?

[SELECTION DOCUMENTAIRE] Outils d’information en santé environnementale pour les professionnels

 

RESSOURCES COMPLEMENTAIRES POUR LE GRAND PUBLIC

[SITE INTERNET] Les 1 000 premiers jours – le site

[APPLICATION Mobile] Les 1000 premiers jours- l’appli

[PDF] Agir au quotidien pour un environnement plus sain – Affiche et Flyer

[SELECTION DOCUMENTAIRE] Outils d’information en santé environnementale pour le grand public

LE CYCLE DE WEBINAIRES

Le cycle de webinaires « Devenez relais santé environnementale du jeune enfant » est proposé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’ARS Pays de la Loire dans le cadre du PRSE3. Il s’adresse aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.

Son objectif : proposer une culture commune sur les connaissances fondamentales en santé environnementale et apporter des conseils simples à transmettre aux publics accompagnés par les professionnels.

Les sessions :

Informations : Gaëlle VIOLET – Mutualité Française Pays de la Loire – 06 27 99 15 82 – gaelle.violet@mfpl.fr

Autres outils & documents