Session 6 du cycle de webinaires consacré à la santé environnementale du jeune enfant et organisé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’Agence régionale de santé dans le cadre du PRSE3.
Ce webinaire a été suivi le 21 juin 2021 par des professionnel.les de la périnatalité et de la petite enfance.
Il était animé par Gaëlle VIOLET de la Mutualité Française Pays de la Loire avec l’intervention de Karine PIERRE d’Air Pays de la Loire et de Sarah WEHBE du CHU de Limoges.
LE SUJET
L’arrivée de bébé à la maison provoque une effervescence parentale bien naturelle : on redécore la chambre, on achète ou on repeint de jolis meubles, on prépare une vraie garde-robe avec de « si mignons » vêtements, on se laisse charmer par les nouvelles générations de matériels de puériculture…
Mais comment faire en sorte que tous ces aménagements ne nuisent pas au bien-être de bébé ! Car les composants des produits de bricolage et de rénovation, les traitements des textiles ou encore les nouvelles technologies intégrées dans les plus récents équipements de puériculture peuvent être problématiques pour la santé et la sécurité du nouveau-né.
C’est une chasse aux polluants dans la chambre de bébé que proposait ce nouveau webinaire du cycle consacré à la santé environnementale du jeune enfant.
CE QU'IL FAUT RETENIR
Quelles sont les sources de pollution dans la chambre de bébé ?
Il existe trois types de polluants intérieurs : chimiques, biologiques et physiques.
EXEMPLES DE POLLUANTS CHIMIQUES :
les émanations dues au chauffage. Attention plus particulièrement aux chauffages d’appoint qui peuvent émettre du monoxyde de carbone et souvent utilisés dans les foyers en précarité énergétique.
les composés émanant de l’ameublement et de la décoration, et plus spécifiquement quand il s’agit de produits neufs (présence de composés organiques volatils – COV – , glycol et aldéhyde).
les composés émanant des jouets plus spécifiquement ceux en plastique ou en textile (présence de composés organiques semi-volatils dont les phtalates).
les produits insecticides des animaux quand ils sont traités avec ces produits.
les terpènes (limonène, pinène, linalool, caryophyllène). D’origine naturelle ou synthétique, on les retrouve dans les produits d’entretien, les produits cosmétiques, les huiles essentielles, les « épurateurs » d’air ou diffuseur d’ambiance. Ils apportent une odeur d’agrumes ou de pin. Ces substances sont allergisantes, irritantes et au contact de l’air peuvent former du formaldéhyde lui-même irritant pour les voies respiratoires et néfaste pour la concentration.
EXEMPLES DE POLLUANTS BIOLOGIQUES :
les acariens et les moisissures qui se développent avec la chaleur et un fort taux d’humidité.
EXEMPLES DE POLLUANTS PHYSIQUES :
le gaz radon, présent notamment dans la région des Pays de la Loire. Sur les zones radon identifiées, et surtout pour les maisons de plein pied, des tests pour vérifier le taux de radon peuvent être réalisés. Si besoin, des travaux d’étanchéisation pourront être réalisés pour éviter la remontée du radon depuis le sol jusqu’à l’intérieur du logement.
les particules fines ou ultra fines émises par le tabac, le balayage au balai, les chauffages à combustion et les matériaux fibreux.
Comment et quand accompagner les parents ?
L’idéal serait d’accompagner les parents avant la conception de l’enfant, mais c’est un moment qui ne se présente en fait que rarement. Tous les moments seront donc favorables pour accompagner les parents. L’essentiel pour le soignant est d’être à l’écoute, de répondre aux questions, de faire des propositions sans jugement et sans vouloir convaincre à tout prix. Le temps du soignant n’est pas forcément le temps des parents et il convient de s’adapter à leur rythme et réalité de vie.
Il est essentiel de faire baisser la pression et les exigences qui voudraient qu’un « bon parent » soit un parent ultra équipé, qui anticipe tous les préparatifs… Il convient davantage de rappeler que, matériellement, il faut très peu de choses pour que l’enfant soit bien accueilli.
A titre d’exemple, parallèlement aux conseils et échanges quotidiens avec la maman lors de la toilette de l’enfant, plusieurs actions de prévention sont proposées aux jeunes et futurs parents à la maternité de Limoges : des ateliers Nesting avant ou après l’accouchement, une chambre pédagogique permettant d’illustrer concrètement les conseils pratiques, la remise d’une liste du trousseau de bébé qui a été recentrée sur l’essentiel.
Quelques conseils aux parents
PREPARER LA CHAMBRE DE BEBE
travaux de décoration ou de rénovation: la maman doit éviter de faire les travaux durant les 3 premiers mois de grossesse et finaliser ceux-ci- au moins un mois avant l’arrivée de bébé, en prenant soin d’aérer quotidiennement la pièce.
achat de produits de bricolage: les choisir avec des étiquettes A+ (moins émissifs en COV) ou écolabélisés (par exemple : Ecolabels européens et Natrup, EC1 (Emicode 1) pour les colles, GUT pour les moquettes ou revêtements textiles)
achat de mobiliers neufs en agglomérés: les déballer et les aérer en dehors de la chambre de bébé et si possible pendant un mois avant de les monter et mettre en place.
CHOISIR LES ARTICLES DE PUERICULTURE
le matelas de bébé : le choisir ferme, sans traitement « anti » (anti-tâches, anti-acariens…), sans mémoire de forme. Les labels (NF environnement, l’écolabel , Certipu, AFAQ ISO1400) apportent des garanties complémentaires. Eviter le matelas connecté avec capteurs de mouvements : il émet des ondes et surtout peut perturber le sommeil du parent inutilement en alertant au moindre mouvement du bébé.
le lit : choisir un lit respectant les normes de sécurité actuelles (sur l’écartement des barreaux notamment) et ayant a minima la mention CE.
les vêtements : la seconde main est très intéressante au niveau prix mais également au plan environnemental – la plupart des polluants auront été éliminés avec le temps. Pour les vêtements neufs, toujours les laver avant usage car les textiles subissent de nombreux traitements chimiques. Eviter les motifs plastifiés notamment s’ils sont au contact direct de la peau. Ils peuvent contenir colle et phtalates.
le babyphone : toujours le placer à un mètre minimum de la tête de l’enfant et privilégier un babyphone analogique moins émissif en ondes que les autres modèles. Pour le babyphone numérique, s’assurer qu’il se déclenche uniquement quand il détecte la voix de l’enfant grâce à la fonction Vox.
les peluches: choisir celles pouvant passer à la machine et avec la mention CE. Eviter un nombre trop important de peluches car elles peuvent être un réservoir à poussières.
les jeux et jouets: respecter les âges, choisir des jouets avec la mention CE a minima, les laver avant de les donner à l’enfant.
L’ENTRETIEN DE LA CHAMBRE
aérer la chambre de bébé au moins deux fois par jour, 5 à 10 minutes pour renouveler l’air.
entretenir régulièrement les grilles d’arrivées et d’extraction d’air.
maintenir une chambre autour de 19 degrés et un taux d’humidité entre 40 et 60%. Cela assure un confort pour l’enfant, limite le développement des moisissures et acariens ainsi que le dégazage des polluants chimiques volatils.
limiter l’usage de produits contenant des terpènes (présents y compris dans les huiles essentielles) car ils se propagent dans l’air.
pour l’entretien de la chambre, éviter le balai car balayer remet de la poussière en suspension. Choisir un produit multi-usages sans pictogrammes de danger, écolabélisé ou avec une liste limitée de composés. L’usage de la microfibre permet aisément de se passer de produits d’entretien.
Karine PIERRE
Ingénieure de formation, Karine PIERRE est experte en qualité de l’air intérieur et responsable Partenariats & Innovation à Air Pays de la Loire.
Sarah WEHBE Sage-femme, Sarah WEHBE est coordinatrice à la maternité du CHU de Limoges dont elle pilote la démarche « Maternité écoresponsable ».
Le cycle de webinaires « Devenez relais santé environnementale du jeune enfant » est proposé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’ARS Pays de la Loire dans le cadre du PRSE3. Il s’adresse aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.
Son objectif : proposer une culture commune sur les connaissances fondamentales en santé environnementale et apporter des conseils simples à transmettre aux publics accompagnés par les professionnels.