[WEBINAIRE] Qualité de l’air intérieur : Comment, quand et avec quoi la surveiller ?

Ce webinaire s’adressait aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.
Il était animé par Gaëlle VIOLET de la Mutualité Française Pays de la Loire avec l’intervention de Guillaume SERAFIN, ingénieur d’études sur la qualité de l’air intérieur pour l’association « Air Pays de la Loire » au moment du webinaire.

LE SUJET

Capteur de CO₂, mesureur du formaldéhyde, testeur de radon ou d’autres polluants intérieurs…

Qu’ils soient professionnels ou domestiques, les appareils de mesure de la qualité de l’air intérieur se multiplient et leurs offres commerciales aussi !

Mais que mesurent-ils exactement ? Comment et quand les utiliser ? Quelle fiabilité et quels intérêts leur accorder ?

C’est ce que ce webinaire se proposait de passer en revue.

CE QU’IL FAUT RETENIR

Nous passons aujourd’hui de 80 à 90 % de notre temps dans des espaces clos. Pour des raisons énergétiques, nos intérieurs bénéficient d’une isolation thermique de plus en plus renforcée.

Si cela impacte de manière positive notre consommation d’énergie, cette isolation rend nos intérieurs de plus en plus hermétiques. Et dans ces environnements clos, une ventilation défaillante ou insuffisante ou la présence de polluants intérieurs peut détériorer de manière importante la qualité de l’air intérieur.

Les conséquences sanitaires d’une mauvaise qualité de l’air intérieur sont encore mal connues sur le long terme mais il est établi qu’un air intérieur de mauvaise qualité peut générer des maux de tête ou encore aggraver ou déclencher des problèmes respiratoires dont l’asthme.

Il est donc nécessaire de porter une attention particulière à la qualité de l’air et aux polluants « enfermés » dans nos intérieurs, notamment dans les structures accueillant du jeune public.

Quels sont les principaux polluants intérieurs ?

LES POLLUANTS D’ORIGINE BIOLOGIQUE
Au titre des polluants organiques, on peut citer les acariens, les moisissures, les bactéries, les virus.

LES GAZ
Parmi ces gaz polluants, on peut retrouver le radon ou les composés organiques volatils (COV).
Les COV sont constitués de plusieurs familles de substances :
– les alcanes : butane, propane
– les alcools
– les hydrocarbures aromatiques dont les terpènes (benzène, toluène, limonène ou terpène présents dans les produits parfumés)
– les aldéhydes tel que le formaldéhyde présent dans les bois agglomérés.

LES PARTICULES FINES OU ULTRA-FINES
Issues de matières organiques, des métaux, de l’amiante…, les particules fines sont présentes dans l’air extérieur (ex : gaz d’échappement) ou l’air intérieur (ex : encens brulés, émanations provenant de meubles agglomérés…).

On différencie les particules fines selon leur taille :
– les « PM 10 » correspondent aux particules dont la taille est inférieure à 10 microns
– les « PM 2.5 » dont la taille est inférieure à 2.5 microns.
Plus une particule est fine, plus elle présente un danger pour la santé car le risque de pénétration dans les poumons est plus élevé.

Quels indicateurs surveiller et comment les mesurer ?

SURVEILLER LA TEMPERATURE ET L’HUMIDITE INTERIEURES
Une humidité supérieure à 60 % peut accroître le développement des moisissures. Par ailleurs, des températures trop élevées favorisent le « dégazage » de composés organiques volatils tel que le formaldéhyde. A noter que le polluant Formaldéhyde se propage à la fois dans un environnement humide et trop chauffé.

Avec quoi mesurer l’humidité et la température intérieures ?
Pour mesurer l’humidité, utiliser un hygromètre qui détecte le taux d’humidité dans l’air et un thermomètre pour la température. Deux appareils de mesure disponibles à petit prix.

SURVEILLER LE RADON
Issu principalement de failles des sols granitiques, ce gaz inodore et incolore est radioactif et classé depuis 1997 comme cancérigène par le CIRC (Centre International de la Recherche contre le cancer). Il pénètre l’intérieur des bâtiments majoritairement par le sol (fissures, passage de gaines, canalisations non étanches…). En France, les zones géographiques ont une classification de leur risque d’exposition au radon selon 3 zones (du potentiel faible ou potentiel significatif). Avec la présence du socle granitique du massif armoricain, les Pays de la Loire peuvent présenter une concentration élevée sur certaines communes.

Comment connaître le potentiel radon de sa commune ?
Une cartographie en ligne permet de connaître par commune le potentiel radon du sol sur une échelle de 1 à 3 (1 représentant les communes les moins exposées). A noter : le potentiel radon fourni ne présage en rien des concentrations réellement présentes dans les habitations. Ces dernières dépendent de nombreux autres facteurs (aération et ventilation par exemple). La cartographie ne peut donc se substituer à la réalisation de mesures.

Avec quoi mesurer le niveau de radon ?
Disponibles sur internet, des appareils appelés « Dosimètres » permettent aux particuliers d’évaluer le niveau de radon de leur logement, avec des résultats analysés par des professionnels.

SURVEILLER LE CO2
Le dioxyde de carbone est un gaz issu de la présence humaine. Sa concentration intérieure est donc plus importante quand les occupants sont nombreux. On parle alors d’indice de confinement. Il est particulièrement intéressant à surveiller dans les espaces où il y a une forte densité de population telles que les crèches, les classes, les salles de réunion. En revanche, dans un logement occupé par une seule personne ou au travail sur des plateaux ouverts, la surveillance du CO2 aura moins de pertinence.

Avec quoi mesurer le taux de CO2 ?
Le taux de Co2 se mesure à l’aide d’un testeur de CO2 dont le capteur est disposé à plus de 2 mètres des occupants et éloigné des entrées d’air.

Quels critères pour un testeur de CO2 ?
– disposant des technologies NDIR (capteur infrarouge non dispersif).
– conforme au décret n° 2012-14 pour un usage en milieu scolaire.
– équipé d’un étalonnage manuel à l’air libre.
– avec une bonne autonomie (visible dans les spécificités techniques.)

-> Infos utiles sur les testeurs de CO2 à retrouver sur le site Projet CO2 ouvert dans le cadre de la pandémie : Dernières publications | projetCO2

Les appareils de mesure

Le détecteur de CO2 mesure le niveau de dioxyde de carbone présent dans l’air ambiant.

Le dosimètre Radon mesure la dose radioactive émanant du gaz Radon.

L’hygromètre est un instrument qui mesure l’humidité relative de l’air, c’est-à-dire le rapport entre l’humidité absolue et l’humidité de saturation.

Le thermomètre mesure et à affiche la valeur de la température d’une pièce.

Les micro-capteurs permettent de mesurer une diversité de polluants, principalement les particules (PM10 ou PM2,5), le monoxyde de carbone ou les composés organiques volatils.
Il existe soit des capteurs pour chaque type de polluant, soit un même capteur pour une somme de polluants. L’Anses reconnait un intérêt pour ces micro-capteurs qui peuvent venir compléter des dispositifs spécifiques de la qualité de l’air intérieur. L’Agence émet cependant certaines limites notamment sur la fiabilité des résultats et rappelle la nécessité que les résultats soient interprétés par des professionnels formés. Au domicile du particulier, ces micro-capteurs ne représentent pas forcément d’intérêt.

Quel micro-capteur choisir ?
Voir les résultats du challenge AIRLAB et Airparif

Les dispositifs d’épuration d’air

Les dispositifs dits « d’épuration d’air » recouvrent des technologies très différentes :
– sprays aux huiles essentielles
– matériaux dits dépolluants (par exemple les peintures dépolluantes)
– épurateurs d’air autonomes qui aspirent et filtrent l’air…

Comme il n’est pas nécessaire de systématiser la mesure de la qualité de l’air intérieur, il n’est pas nécessaire de se doter de ces dispositifs d’épuration.
La ventilation, l’aération et la réduction des polluants à la source sont des gestes souvent suffisants. Par ailleurs, selon l’ANSES, aucune de ces technologies n’a prouvé à ce jour son efficacité en condition réelle d’utilisation.

Les auto-diagnostics

Il est possible de faire un diagnostic de la qualité de l’air intérieur de son logement ou de son établissement à l’aide de différents outils disponibles en ligne.

– le site internet Unvent’AIR propose deux types d’autodiagnostics de la qualité de l’air intérieur, l’un pour les établissements recevant du public (ERP) et le second pour les particuliers.
– l’application Ma Maison Santé propose un bilan personnalisé de ses habitudes de vie dans les principales pièces de la maison et apporte des solutions concrètes pour améliorer la santé environnementale du jeune enfant.
– le site internet les « 1000 premiers jours » propose une rubrique dédiée à la qualité de l’air intérieur avec des astuces et conseils pour limiter les polluants intérieurs à la source

La qualité de l’air dans les établissements recevant du public

La réglementation sur la surveillance de la qualité de l’air dans les ERP en place depuis 2018 a récemment évolué.

Depuis le 1/01/2023, les ERP doivent :
– Evaluer les ouvrants et le système de ventilation tous les ans avec une mesure ponctuelle du CO2
– Elaborer un plan d’amélioration de l’air intérieur tous les 4 ans et non tous les 7 ans comme précédemment.
– Réaliser des mesures de la qualité de l’air intérieur aux moments clés de la vie du bâtiment (ex : travaux de rénovation). Les polluants qui doivent être mesurés sont le CO2, le formaldéhyde et le benzène. La mesure du benzène et du formaldéhyde doit être réalisée par un organisme accrédité. Le CO2 peut être mesuré par un appareil « grand public ». Les structures en fort potentiel radon (en zone 3) doivent également réaliser une mesure du radon avec un organisme accrédité.

A propos de seuils d’effets sanitaires

Les seuils d’effets sanitaires auxquels il conviendrait de se référer pour évaluer les niveaux de polluants à ne pas dépasser n’existent pas sur tous les polluants intérieurs. L’ANSES mène une mission pérenne d’expertise relative à l’élaboration de valeurs guides de qualité d’air intérieur (VGAI) afin qu’elles servent de socle pour les mesures réglementaires en milieu général ou en milieu professionnel.
. Voir les valeurs guides de qualité de l’air intérieur de l’ANSES

REPLAY

L'INTERVENANT

Guillaume SERAFIN 

 Ingénieur d’étude sur la qualité de l’air intérieur pour l’association « Air Pays de la Loire » au moment du webinaire, Guillaume SERAFIN est aujourd’hui chargé de mission « Efficacité énergétique et énergies » au Centre Régional des Energies Renouvelables (CRER) de Nouvelle-Aquitaine

POUR ALLER PLUS LOIN

[RADON] Cartographie en ligne pour connaître le potentiel radon de sa commune

[RADON] Connaître le risque radon, ARS

[RADON] Un gaz radioactif bien présent en Pays de la Loire, Mutualité Française Pays de la Loire

[CO2] Mesurer le CO2 pour mieux aérer, Projet CO2

[APPAREILS DE MESURE] Quel micro-capteur choisir ? Résultats du Challenge AIRLAB Microcapteurs 2021, Airparif

[EPURATEURS D’AIR] Une efficacité des épurateurs d’air encore à démontrer, ANSES

 [REPERES] Les valeurs guides de qualité de l’air intérieur, ANSES

[AUTODIAGNOSTIC] Autodiagnostics des problématiques en air intérieur pour particulier et établissement, Atmo-Aura

[BILAN PERSONNALISE] Test pédagogique en santé environnementale du jeune enfant pour particulier avec l’application Ma Maison Santé , Mutualité Française Pays de la Loire

[CONSEILS] Des conseils en ligne aux parents pour améliorer la qualité de l’air intérieur de son enfant, Santé Publique France

LE CYCLE DE WEBINAIRES

Le cycle de webinaires « Devenez relais santé environnementale du jeune enfant » est proposé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’ARS Pays de la Loire dans le cadre du PRSE3. Il s’adresse aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.

Son objectif : proposer une culture commune sur les connaissances fondamentales en santé environnementale et apporter des conseils simples à transmettre aux publics accompagnés par les professionnels.

Les sessions :

• l’usage des cosmétiques chez la femme enceinte et le jeune enfant (session du 28/04/2020)
• la qualité de l’air intérieur (session du 18/06/2020)
• les perturbateurs endocriniens (session du 29/09/2020)
• les contenants alimentaires et l’alimentation (session du 15/12/2020)
• les ondes électromagnétiques (session du 25/05/2021)
• préparer la chambre de bébé en toute sécurité (session du 21/06/2021)
• fertilité et grossesse : quels impacts dus à l’environnement ? (session du 5/10/2021)
• les nouvelles recommandations en matière de pratiques en périnatalité (session du 1/02/2022)
• l’éco-nettoyage (session du 7/03/2022)
• qualité de l’air intérieur : comment la surveiller ? (session du 29/09/2022)
• allergies alimentaires et respiratoires : quels liens ? Quel rôle de l’environnement ? (session du 10/01/2023)

Informations : Gaëlle VIOLET – Mutualité Française Pays de la Loire – 06 27 99 15 82 – gaelle.violet@mfpl.fr