[WEBINAIRE] Ondes électromagnétiques : quels risques pour la santé ?

Session 5 du cycle de webinaires consacré à la santé environnementale du jeune enfant et organisé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’Agence régionale de santé dans le cadre du PRSE3.

Ce webinaire a été suivi le 25 mai 2021 par des professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.

Il était animé par Gaëlle VIOLET de la Mutualité Française Pays de la Loire avec l’intervention de Yves LE DREAN, docteur en biologie cellulaire et enseignant-chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET/unité INSERM) à Rennes.

LE SUJET

Wi-Fi, 5G, téléphone portable, tablette mais aussi plaque à inductions, baby phone, four à micro-ondes, réfrigérateur, ampoules, radio…. Au quotidien, nous sommes exposés à de multiples sources d’ondes électromagnétiques qui peuvent questionner au regard de leurs impacts sur la santé.

Mais qu’est-ce qu’une onde électromagnétique ? Quel est notre niveau d’exposition actuel ? Certaines ondes sont-elles plus à craindre que d’autres, notamment pour les femmes enceintes et les jeunes enfants ? Est-on dans un principe de prévention ou de précaution, et quelles recommandations pour limiter l’exposition ?

C’est une immersion au milieu des champs électromagnétiques que proposait ce nouveau webinaire du cycle consacré à la santé environnementale du jeune enfant.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Qu’est-ce qu’une onde électromagnétique ?

Une onde électromagnétique est une onde composée d’un champ magnétique et d’un champ électrique associés, qui oscillent tous deux et se propagent dans l’air, le vide ou dans l’eau. Les ondes électromagnétiques se caractérisent par :

  • leurs fréquences (en hertz, symbole Hz), qui correspondent au nombre d’oscillations par seconde. Les fréquences caractérisent les grandes familles d’ondes électromagnétiques, depuis les extrêmement basses fréquences en passant par les radiofréquences jusqu’aux rayons gamma.
  • leurs puissances, qui dépendent de l’intensité des champs électriques et magnétiques. Ce paramètre aura également des conséquences sur le vivant.

Comment les ondes électromagnétiques interagissent avec la matière ?

Les conséquences des ondes électromagnétiques sur la matière vont être différentes selon les fréquences. Les ondes vont agir par :

  • par vibration ou rotation engendrant un effet thermique, pour respectivement les infrarouges et les radiofréquences. Ce webinaire s’intéresse à ce premier type de fréquences car ce sont celles qui sont utilisées par de nombreux objets du quotidien (téléphone, WiFi, etc..)
  • par ionisation ou arrachement d’électrons à la matière pour les très hautes fréquences (par exemple de les rayons X, ou les rayons gamma) avec des conséquences graves pour la santé car on altère la nature chimique de la matière vivante.
  • par réaction photochimique aux fréquences de la lumière
  • par courant induit pour les extrêmement basses fréquences (exemple les pylônes haute tension des lignes électriques)

Pas de risques liés aux effets thermiques des ondes à notre niveau d’exposition actuel

A ce jour, les effets thermiques (échauffements) sont les seuls effets démontrés pour les radiofréquences. Les travaux actuels des scientifiques consistent à savoir si ces ondes peuvent avoir un autre effet, indépendant de l’élévation de la température. Pour l’instant aucun autre effet n’a pu être établi de façon reproductible. C’est pourquoi la législation actuelle est exclusivement fondée sur les risques thermiques, en limitant l’intensité des champs électriques et magnétiques de façon à éviter les échauffements.

De ce point de vue, les normes en vigueur sont très protectrices. Ainsi pour les applications quotidiennes, les limites sont toujours en dessous du seuil déclenchant une élévation de température, avec un facteur 10 de sécurité pour les travailleurs et un facteur 50 pour le public.

Les mesures faites dans notre environnement montrent que malgré la multiplication des sources d’ondes électromagnétiques, nous sommes exposés à des niveaux très faibles d’ondes électromagnétiques. La réalité du niveau d’exposition peut être vérifiée sur différents sites (voir rubrique « Pour aller plus loin »)

Même en salle de soin de maternité, les niveaux des champs électromagnétiques des appareils sont très faibles. Les niveaux observés, qui ne présentent pas de risques pour les bébés, seraient plus liés à l’utilisation des téléphones portables des parents et professionnels ou de la wi-fi, qu’aux appareils eux-mêmes. (voir Rapport du CSTB dans la rubrique « Pour aller plus loin »)

Les recherches actuelles ne concluent pas à des risques sanitaires avérés (types cancer)

Les ondes électromagnétiques ont été classées comme cancérigènes possible (catégorie 2B) par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Ce classement a été établi sur la base d’observations épidémiologiques montrant une augmentation du risque de développer un cancer du cerveau chez les gros utilisateurs de téléphones portables.

Cependant ces observations ne sont pas confirmées par les études scientifiques conduites pour essayer de trouver les mécanismes de cancérogénèse. De plus, l’analyse des registres des cancers n’a, pour l’instant, pas montré d’augmentation significative des cancers du cerveau depuis l’avènement de la téléphonie mobile. Ces résultats contradictoires expliquent pourquoi les analyses du risque concluent actuellement à l’absence d’effet sanitaire avéré pour les radiofréquences, sans que la preuve de leur innocuité soit cependant unanimement établie.

Alors pourquoi encore des incertitudes voire des polémiques ?

Le problème vient du fait que toutes les études ne montrent pas la même chose, d’où une absence de consensus. Si rien d’alarmant d’un point de vue sanitaire n’a été détecté de façon fiable, on ne peut pas dire pour autant qu’il ne se passe rien sous exposition. La polémique sur l’hydroxychloroquine illustre parfaitement le processus de recherche : il ne suffit pas d’une seule étude pour que le résultat soit admis par la communauté scientifique.

La recherche implique plusieurs paramètres :

  • nécessité d’avoir une reproductibilité des études. Or, sur certaines publications, on ne parvient pas à répliquer l’expérience. On peut même parfois aboutir à des conclusions différentes. Certaines conclusions sont basées sur un nombre très limité d’observations, d’où un manque de fiabilité. D’autres études montrent des effets de très faible ampleur, si bien qu’il peut s’agir de « bruit de fond » ou de fluctuations naturelles, indépendantes de l’exposition.
  • nécessité d’avoir une analyse globale des résultats et d’éviter le « cherry picking » qui consiste à choisir une étude particulière, en faisant fi des autres études qui peuvent contredire les conclusions de l’étude choisie
  • nécessité d’avoir une analyse critique des résultats et d’être très vigilant sur les méthodologies utilisées car de nombreux biais expérimentaux peuvent exister.

Et la 5G ?

L’arrivée de la 5G pose de vrais débats de société entre les partisans du développement commercial et technologique (via les objets connectés et l’utilisation de l’intelligence artificielle) et les partisans d’une société moins gourmande en énergie, en matières premières et qui s’interrogent sur le besoin de vitesse et les effets sur l’environnement.

La 5G déploie des fréquences d’ondes déjà utilisées par la 3G et 4G, mais également de nouvelles fréquences notamment autour de 26 GHz. Le changement essentiel avec ces nouvelles fréquences repose sur le fait que les ondes électromagnétiques vont moins pénétrer dans le corps. Certaines longueurs d’onde du rayonnement de la 5G seront plus petites, donc plus énergétiques, que celles de la 4G. Le dépôt d’énergie se fera essentiellement sur la peau. C’est ce point-là qu’il faudra surveiller.

Les personnes électro-hypersensibles et les ondes ?

La souffrance des personnes électro-hypersensibles est réelle et doit être reconnue, mais elle n’a pas trouvé d’explication à ce jour. Ainsi, les tests réalisés à l’aveugle auprès de sujets électro-hypersensibles n’ont pas démontré qu’ils pouvaient détecter les ondes électromagnétiques. Le problème de l’origine de ce mal est sans doute plus complexe et il se pourrait que ces personnes soient malades de l’environnement au sens large (UV, radon, exposition aux produits chimiques, tabac, etc…), les ondes n’étant peut-être qu’une partie d’un problème plus vaste.

Des effets sur la santé liés aux usages

Au-delà des interrogations autour des potentiels dangers des ondes, les effets sur la santé peuvent également être liés aux usages du numérique. Certains risques sur la santé engendrés par un usage abusif des écrans sont, eux, avérés.

L’hyperconnexion conduit à :

  • des difficultés d’endormissement et de qualité du sommeil liées à la lumière bleue
  • une sédentarisation croissante, notamment des enfants et des adolescents
  • une attitude passive à l’égard du monde environnant
  • des difficultés de concentration
  • un isolement social

Alors que faire en préventif ?

  • Utiliser les kits mains-libres ou mode « haut-parleur » pour le téléphone portable
    Il faut rappeler que le téléphone portable est la source d’ondes électromagnétiques qui expose à la plus forte dose, non parce que c’est le plus émissif mais parce que l’appareil est directement collé à l’oreille. Conseillé pour des discussions téléphoniques longues ou répétées, le Kit mains-libres ou le mode « haut-parleur » devient une nécessité pour les gros utilisateurs de téléphone portable.
  • Ne pas utiliser de téléphone portable au volant d’une voiture, d’un vélo, d’une trottinette
    Le manque d’attention et de réactivité est à l’origine de nombreux accidents de la route et de décès.
  • Autoréguler l’utilisation des écrans
    Se fixer des règles pour toute la famille (ex : pas de portables à table, éteindre son portable professionnel à la maison, déposer tous les portables et écrans de la famille le soir dans un endroit dédié loin des chambres…)
  • Pour les parents : limiter l’exposition des bébés et jeunes enfants
    Les sources d’exposition aux ondes des enfants sont nombreuses et dès leur plus jeune âge : téléphones portables, jeux connectés, tablettes, télésurveillance des enfants. Or, les enfants font partie des publics les plus fragiles.
    Du fait de leur plus petite taille, les ondes électromagnétiques pénètrent plus profondément dans leur tissu et leur boite crânienne. De plus, la teneur en eau de leurs tissus biologiques est plus importante, ce qui induit une plus forte absorption des ondes par rapport aux adultes.
    A noter que le DAS affiché des téléphones portables est calculé pour un corps d’adulte uniquement (PS : le DAS, débit d’absorption spécifique, indique le degré d’exposition du corps aux ondes).
    Quelques conseils aux parents :
    – en cas d’usage d’appareils de surveillance (baby phone), les placer à plus d’un mètre de la tête de l’enfant.
    – encadrer l’usage des écrans pour les enfants et ne pas utiliser d’écran avant 3 ans
    – limiter l’exposition aux appareils émettant des ondes et tout particulièrement au téléphone portable
    – éviter l’utilisation des dispositifs anti-ondes qui sont au mieux inefficaces et au pire contre-productifs
    – voir la rubrique de ce dossier « Pour aller plus loin / Conseils pratiques »

REPLAY

L'INTERVENANT

Yves LE DREAN / INSERM

Sources : Inserm

Docteur en biologie cellulaire, Yves LE DREAN est enseignant-chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET/unité INSERM) à Rennes et expert pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

Depuis 15 ans, ses travaux portent sur l’adaptation des cellules à un stress cellulaire lié à l’environnement, et particulièrement à l’exposition aux ondes électromagnétiques.

POUR ALLER PLUS LOIN

Conseils pratiques

[LIVRET – pdf] Mesurer, surveiller son exposition aux ondes (Ministère de la Transition écologique et solidaire.)

[SITE INTERNET] Comment faire mesurer les champs électromagnétiques – (INERIS)

[SITE INTERNET] Connaitre les mesures et la localisation des antennes relais près de chez soi (Agence Nationale des Fréquences)

[VIDEO] Téléphones mobiles et santé : 6 bons comportements (Ministère de la santé et de la solidarité)

[FLYER – pdf] Téléphones mobiles et santé : 6 bons comportements (Ministère de la santé et de la solidarité)

[AFFICHE – pdf] Téléphones mobiles et santé : 6 bons comportements (Ministère de la santé et de la solidarité)

[FLYER – pdf] Comment réduire son exposition à la lumière bleue (Ministère de la santé et de la solidarité)

[LIVRET – pdf] Les enfants face aux écrans : des conseils pratiques pour un usage raisonnée (Mutualité Française Occitanie)

[SITE INTERNET] Faire bon usage des écrans (IEMP)

[GUIDE PRATIQUE – pdf] La face cachée du numérique (ADEME)

[INFOGRAPHIE – pdf] Pourquoi préférer un smarthphone reconditionné ? (ADEME)

[ARTICLE] 10 bons gestes pour réduire l’emprunte numérique au travail (ADEME)

[SITE INTERNET] Pour emprunter, faire réparer, troquer, acheter d’occasion (ADEME)

Mieux comprendre

[ARTICLE] Radiofréquences, téléphonie mobile et technologie sans fil (ANSES, 2020)

[RAPPORT – pdf] Exposition aux radiofréquences et santé des enfants (ANSES, 2016)

[ARTICLE] Expositions aux téléphones mobiles portés près du corps (ANSES, 2019)

[ARTICLE] Ondes électromagnétiques : Faut-il craindre la 5G ? (Inserm, 2019)

[ARTICLE] Hypersensibilité aux ondes : amplifier la recherche et adapter la prise en charge (ANSES, 2018)

[SITE INTERNET] Radiofréquences Santé-Environnement (Ministère de la Transition écologique et solidaire)

[RAPPORT – pdf] Campagne nationale de mesure des radiofréquences dans les hôpitaux (CSTB, 2020)

[ARTICLE] Enquête sur les dispositifs anti-ondes pour téléphones portables (DGCCRF, 2016)

[ARTICLE] Exposition des enfants : pour un usage encadré des technologies sans fil (ANSES, 2016)

[INFOGRAPHIE ANIMEE] Le smartphone, une relation compliquée (ADEME)

[INFOGRAPHIE – pdf] Les impacts environnementaux du numérique (ADEME, 2017)

LE CYCLE DE WEBINAIRES

Le cycle de webinaires « Devenez relais santé environnementale du jeune enfant » est proposé par la Mutualité Française Pays de la Loire et l’ARS Pays de la Loire dans le cadre du PRSE3. Il s’adresse aux professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.

Son objectif : proposer une culture commune sur les connaissances fondamentales en santé environnementale et apporter des conseils simples à transmettre aux publics accompagnés par les professionnels.

Les sessions :

Informations : Gaëlle VIOLET – Mutualité Française Pays de la Loire – 06 27 99 15 82 – gaelle.violet@mfpl.fr

Autres outils & documents