Bientôt un test salivaire en France pour diagnostiquer l’endométriose

Disponible en replay, la webconférence sur l’endométriose a permis de révéler des avancées encourageantes sur la prise en charge de la maladie, qui pourra bientôt être diagnostiquée en France par simple test salivaire.

Mieux comprendre l’endométriose pour mieux vivre avec : c’est la feuille de route qu’ont accepté de remplir le professeur Philippe Descamps, chef du service Gynécologie Obstétrique, et le docteur Léa Delbos, gynécologue obstétricienne au CHU d’Angers, accompagnés de Marie-Agnès Caderby, membre de l’association Endomind.

Ils sont intervenus le 27 juin 2023 lors de la webconférence organisée par la Mutualité Française Pays de la Loire. (replay à retrouver en toute fin de l’article).

Si une femme sur 10 est touchée par l’endométriose en France, cette maladie reste encore trop méconnue des femmes elles-mêmes mais aussi du monde médical.

Jugez plutôt : ce n’est que depuis 2020 que l’endométriose dispose d’un chapitre dédié dans le cursus obligatoire des études de médecine.

Des avancées encourageantes pour les patientes souffrant d’endométriose

Avec pour objectif de sensibiliser les publics à cette maladie de l’ombre, la webconférence est revenue sur les symptômes de l’endométriose, les étapes pour la diagnostiquer et les traitements pour la soulager, sachant qu’à ce jour aucune solution n’existe pour éradiquer la maladie.

La conférence a également permis de tordre le cou à certaines idées reçues (voir en bas d’article VRAI/FAUX : les 10 idées reçues).

Encourageants et rassurants, les intervenants ont mis en évidence des avancées notables pour les malades.

Bientôt un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose

Attendu en France, un test salivaire devrait bientôt permettre de diagnostiquer plus rapidement une suspicion d’endométriose.

C’est la bonne nouvelle qu’a annoncée le professeur Philippe Descamps. Il est à l’initiative de cette découverte avec d’autres chercheurs dont notamment ses homologues de l’hôpital Tenon à Paris et de la clinique Tivoli-Duclos de Bordeaux.

Développé par une start-up lyonnaise, ce test marquera une véritable avancée pour les patientes, quand on sait que le retard au diagnostic est actuellement de 7 ans en moyenne.

Dans l’attente d’une prise en charge du test salivaire par la Sécurité sociale

Les premiers résultats de ce travail ont été publiés en janvier 2022 et confirmés par une publication dans la revue scientifique de l’innovation médicale « NEJM Evidence », le 9 juin 2023.

Les chercheurs espèrent voir le test salivaire sur le marché français rapidement, une fois que la prise en charge de son remboursement par la Sécurité sociale sera confirmée.

Le test serait délivré sur prescription médicale. Les résultats du prélèvement salivaire seraient transmis au cours d’une consultation dédiée.

Une molécule révolutionnaire qui stoppe les règles et les douleurs

Autre avancée encourageante : une pilule contraceptive s’est révélée très efficace dans le traitement de l’endométriose. Le docteur Léa Delbos a souligné les résultats notables du traitement hormonal à base de dienogest.

Une molécule révolutionnaire qui permet à la fois de stopper les règles – principale solution pour réduire la prolifération de la maladie – mais également de soulager les douleurs, ce qu’aucun traitement hormonal n’avait réussi à faire jusqu’à présent.

Elle ne convient pas à toutes les femmes, mais reste dans l’ensemble bien tolérée.

Une filière régionale pour une meilleure prise en charge des patientes

L’errance médicale pourrait bientôt être terminée. Marie-Agnès Caderby de l’association Endomind a partagé ses espoirs sur la mise en place prochaine de filières régionales de soins dédiées à l’endométriose.

La filière régionale a pour but d’assurer à chaque patiente une organisation cohérente et graduée de ses soins autour de plusieurs professionnels de santé.

Comment reprendre le dessus sur un corps douloureux

« Il ne faut pas hésiter à reprendre le dessus sur ce corps douloureux ! » : C’est aussi le message optimiste qu’a délivré Marie-Agnès Caderby. Car la maladie peut vite enfermer dans un cercle vicieux : douleur, tension, mauvais sommeil, santé mentale en berne.

Marie-Agnès Caderby a rappelé l’importance pour les malades de s’accorder du temps pour soi et de prendre soin de sa tête et de son corps grâce à une bonne hygiène de vie, une activité physique adaptée et une alimentation équilibrée.

Pour compléter l’arsenal des ressources annexes au traitement médical, les trois intervenants n’ont pas réfuté le recours à tout autre soin support qui pourrait améliorer la qualité de vie des patientes comme l’acupuncture, l’hypnose, la sophrologie ou encore le yoga.

||| ENVIE D’EN SAVOIR PLUS SUR L’ENDOMETRIOSE ?
Poursuivez la lecture de cet article pour découvrir ci-dessous :

. Dix idées reçues sur l’endométriose : vrai ou faux ?
. Endométriose, symptômes, diagnostic, traitement : on fait le point
. Besoin d’être aidée ?
. Voir le replay de la webconférence « Endométriose : Mieux la comprendre pour mieux vivre avec »

VRAI ou FAUX :
10 idées reçues sur l’endométriose

1 ] Les femmes souffrant d’endométriose ne pourront pas avoir d’enfants.
► FAUX :
L’un des symptômes de l’endométriose se caractérise effectivement, pour 30 à 50 % des femmes, par des difficultés à procréer. Pour autant, il ne s’agit pas d’infertilité mais d’hypofertilité, pour laquelle une prise en charge médicale peut être proposée. Sans oublier que 70 à 50 % des femmes souffrant d’endométriose connaîtront une fertilité spontanée.

2 ] Une jeune femme, dont la mère ou la sœur souffre d’endométriose, doit se faire diagnostiquer.
► FAUX : L’hérédité de l’endométriose n’a pas été scientifiquement mise en évidence. Il convient juste d’être plus réactif en cas de survenue de symptômes chez une jeune femme dont l’entourage familial féminin souffrirait d’endométriose.

3 ] Une ceolioscopie exploratrice devrait être effectuée systématiquement pour établir le diagnostic.
► FAUX : Cette technique de chirurgie est utilisée dans des cas spécifiques. Elle permet d’explorer des organes de la cavité abdominale et pelvienne par une incision au niveau de l’abdomen. Cela reste un acte chirurgical très invasif et qui peut présenter des complications post-opératoires. Il serait déraisonnable humainement et matériellement de proposer en France un tel examen à toutes les femmes qui présenteraient des suspicions d’endométriose.

4 ] Le traitement hormonal est la principale prescription médicale pour soulager l’endométriose.
► VRAI
: Pour la plus grande majorité des femmes souffrant d’endométriose légère à modérée, le traitement hormonal est la solution préconisée. Cela permet de stopper ou diminuer le volume des règles qui entretiennent le mécanisme de création des foyers d’endométrioses. Pour les endométrioses complexes ou résistantes au traitement en revanche, des solutions chirurgicales peuvent être utilisées.

5 ] Bloquer ses règles pour lutter contre l’endométriose engendrerait par la suite des difficultés pour avoir des enfants.
► FAUX : Le traitement hormonal bloque les règles, mais cela n’altère en rien la fertilité future. Il n’y a pas de problème à ne pas avoir de règles. En bloquant les fluctuations hormonales et donc la survenue des règles, le traitement hormonal évite que la muqueuse de l’endomètre et les foyers de l’endométriose associés se renouvellent chaque mois. Par ailleurs, traiter ainsi l’endométriose et ne pas la laisser évoluer n’aura que des effets bénéfiques sur la fertilité ultérieure de la jeune femme.

6 ] Bloquer ses règles, c’est être en ménopause artificielle.
► FAUX : Le traitement hormonal stoppe provisoirement les règles et donc le processus de l’endométriose, mais ne supprime pas le cycle menstruel. Il le met en veille et ce cycle pourra être de nouveau actif une fois le traitement suspendu. La ménopause se caractérise, quant à elle, par l’épuisement de la réserve ovarienne et donc la disparition du fonctionnement ovarien et des cycles menstruels.

7 ] L’intervention chirurgicale sur les organes atteints par l’endométriose permet de se passer de traitements hormonaux.
► FAUX : Même après une, voire plusieurs opérations chirurgicales, les risques de récidive existent et nécessitent la poursuite d’un traitement adapté.

8] Une femme dont l’endométriose asymptomatique a été détectée « par hasard » lors d’un autre examen, doit suivre un traitement hormonal.
► FAUX : Si l’endométriose constatée ne génère pas de douleurs, aucun traitement spécifique n’est nécessaire. De même si l’endométriose est de forme peu sévère et que les douleurs peuvent être soulagées par des antalgiques, le traitement hormonal n’est pas nécessaire.

9 ] La majorité des patientes souffrant d’endométriose peuvent se faire suivre par des professionnels de santé de ville.
► VRAI : Médecins, sages-femmes et gynécologues peuvent assurer un suivi des patientes pour des endométrioses légères à modérées. La mise en place de filières de soins dédiées devrait à terme faciliter le parcours de la patiente. Pour des cas d’endométrioses complexes, ce sont les experts des centres de référence qui prennent le relais, comme les centres Endoref.

10 ] Même à la ménopause, les femmes ayant souffert d’endométriose doivent continuer à être suivies.
► VRAI :
Si la ménopause, et l’absence de fonctionnement ovarien qui l’accompagne, met un terme au développement de l’endométriose, les phénomènes douloureux, l’évolution naturelle des lésions inflammatoires et les risques potentiels de cancer de l’ovaire doivent faire l’objet d’une poursuite de la surveillance et du suivi médical.

Endomètre, endométriose, symptômes, diagnostic, traitement : ON FAIT LE POINT

ENDOMETRE / ENDOMETRIOSE

L’endomètre est un tissu qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Au cours de chaque cycle menstruel, l’endomètre développe une couche superficielle destinée à accueillir l’ovule en cas de fécondation. En l’absence d’ovule fécondé et donc de grossesse, cette couche superficielle de l’endomètre se désagrège naturellement sous l’effet des changements hormonaux et est évacuée par le vagin, ce qui provoque les règles.

L’endométriose est la maladie chronique qui se caractérise par le développement – anormal et en dehors de l’utérus – de tissus ayant des caractéristiques semblables à la muqueuse de l’endomètre. Apparaissant pendant les règles, ces cellules peuvent migrer vers l’appareil génital (trompes, ovaires), mais aussi l’appareil digestif (côlon, rectum), la vessie…

Comme l’endomètre, ces foyers d’endométriose réagissent aux variations hormonales survenant lors du cycle menstruel. Sous l’influence de ces fluctuations, ils s’épaississent, saignent mais ne peuvent pas être évacués, contrairement à l’endomètre. Cela peut provoquer des réactions inflammatoires, des lésions, des kystes, des nodules ou des adhérences avec les organes voisins.

Les causes de cette maladie ne sont pas encore clairement documentées.

LES SYMPTOMES DE L’ENDOMETRIOSE

Les symptômes de l’endométriose sont multiples et peuvent être très différents d’une femme à l’autre. Ils peuvent apparaître pendant le cycle ou même en dehors du cycle.

De manière générale, plusieurs symptômes ont pu être observés et se manifester indépendamment les uns des autres :

  • Douleurs intenses pendant les règles qui ne sont pas soulagées par des antalgiques et/ou qui augmentent avec l’avancée en âge (on parle de dysménorrhée)
  • Saignements abondants pendant les règles (on parle de ménorragies)
  • Douleurs pelviennes en dehors des règles pendant plus de 6 mois
  • Difficultés à procréer
  • Sexualité douloureuse (on parle de dyspareunie)
  • Douleurs urinaires
  • Troubles intestinaux, plus particulièrement pendant les règles
  • Fatigue chronique

L’absentéisme scolaire ou professionnel répété peut aussi être révélateur d’une situation d’endométriose non détectée.

Rappelons également que certaines endométrioses peuvent être asymptomatiques.

LE DIAGNOSTIC DE l’ENDOMETRIOSE

Différentes méthodes pour diagnostiquer l’endométriose sont utilisées, chacune présentant des avantages et des inconvénients en matière de précisions des résultats obtenus. Bien que complémentaires, tous les résultats ne sont pas nécessaires, dans la majorité des cas, pour poser le diagnostic.

  • Questionnaire et examen clinique
  • Echographie
  • IRM
  • Coelioscopie

A noter : la récente mise au point d’un test salivaire qui devrait bientôt être commercialisé sur le marché français et disponible sur prescription médicale.

LES TRAITEMENTS DE L’ENDOMETRIOSE

Pour la plus grande majorité des femmes souffrant d’endométriose, la solution est de stopper ou diminuer le volume des règles qui entretiennent le mécanisme de création des foyers d’endométrioses et des lésions associées. Cela s’effectue grâce à un traitement hormonal – soit par pilule, par stérilet (tout à fait adapté chez les jeunes-femmes n’ayant pas encore eu d’enfant) ou par implant.

A noter, les résultats encourageants de la pilule contraceptive à base de dienogest. Elle permet à la fois de stopper les règles et de soulager les douleurs avec peu d’effets secondaires. Elle ne convient pas à toutes les femmes, mais est dans l’ensemble bien tolérée.

Le traitement hormonal peut être associé ou non à un traitement anti-inflammatoire ou à de la stimulation électrique locale pour réduire les douleurs.

Les soins supports comme l’acupuncture, l’hypnose, la sophrologie, le yoga… sont également des ressources utiles pour soulager les douleurs.

La pratique sportive adaptée, une alimentation équilibrée et une bonne hygiène de vie font aussi partie de l’arsenal pour se sentir mieux et se réapproprier son corps et en prendre soin.

Rappelons qu’il n’existe pas de traitement curatif de l’endométriose à ce jour. Seule la disparition du cycle menstruel à la ménopause arrête le processus de l’endométriose, sans pour autant mettre un terme au suivi médical nécessaire.

BESOIN D'AIDE ou D'ACCOMPAGNEMENT ?

Besoin d’être soutenue, entendue, accompagnée, renseignée ?

Différentes associations de patientes atteintes d’endométriose pourront vous venir en aide en France.
► A titre d’exemple, contactez Endomind qui est intervenue au cours de cette webconférence.

 VOIR LE REPLAY DE LA WEBCONFERENCE DU 26 JUIN 2023
avec le professeur Philippe Descamps, chef du service Gynécologie Obstétrique, et le docteur Léa Delbos, gynécologue obstétricienne au CHU d’Angers, accompagnés de Marie-Agnès Caderby, membre de l’association Endomind.