[E.dossier] spécial « activité physique »

La Mutualité Française Pays de la Loire et Ouest France se sont associés pour élaborer un dossier spécial consacré à la santé en Pays de la Loire. Parmi les différents thèmes abordés, celui notamment de l’activité physique.

Activité physique : "Santé. Faire du sport en entreprise, ça change la vie !"

Au CREPS, les salariées volontaires se retrouvent chaque jeudi midi pour une séance d’activité physique. Sa particularité ? La discipline proposée change, toutes les semaines.

Depuis septembre, des salariés du CREPS des Pays de la Loire se retrouvent chaque semaine pour une heure d’activité physique. Si l’initiative permet de se maintenir en forme, elle participe aussi à resserrer les liens.

Trois questions à…

Gérard Baudry, directeur du CREPS Pays de la Loire, à Nantes

Proposer des séances de sport aux salariés d’un CREPS, cela semble presque normal, non ?
Dans un centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS), où nous formons au sport santé, c’est cohérent de proposer des activités physiques à nos salariés, d’autant plus que des besoins et des demandes avaient été identifiés.

Des séances de yoga avaient déjà été proposées au sein de notre structure, mais elles ne l’étaient pas dans une perspective de sport santé. Depuis la rentrée, nous avons cherché à nous adresser autant aux formateurs, qu’aux employés administratifs, plus sédentaires, qu’au personnel d’entretien, de maintenance… Ce n’est pas parce qu’on a une activité physique dans le travail, que l’on bouge efficacement. Nous devons aussi prévenir les mauvais gestes, les troubles musculosquelettiques…

Concrètement, que proposez-vous ?
C’est une éducatrice sportive, diplômée du CREPS et salariée du comité départemental EPGV qui encadre les activités. Chaque semaine, le jeudi midi, une séance d’une heure est ouverte aux volontaires. Depuis la rentrée, marche (active et nordique) et gym d’entretien ont été organisées. Nous avons démarré par des choses simples, ne nécessitant aucune installation particulière. Nous marchons dans un parc voisin, et la gym s’est déroulée dans une salle de cours équipée de tapis de sol !

C’est une volonté de notre part de varier les disciplines selon la saison, la météo, les motivations. Pour le moment, une quinzaine de salariés ont participé, plutôt des femmes, mais cela est représentatif de nos effectifs, et plutôt des personnes qui ne pratiquent pas de sport ou d’activités physiques, en club.

Nous avons également mis à disposition des salariés volontaires des podomètres. Au-delà de faire le point sur les distances parcourues – l’Organisation mondiale de la santé recommande de faire 10 000 pas par jour – cela entraîne parfois des questions relatives à d’autres problématiques, comme la nutrition. Nous nous sommes également rendus compte que certains professionnels explosaient les compteurs, mais tous les pas ne sont pas bons… C’est enfin l’occasion de comparer journée et soirée, semaine et week-end… Quinze podomètres ont été distribués, sachant que nous comptons une quarantaine de salariés.

Les bénéfices sont-ils uniquement physiques ?
De telles dispositions ont des répercussions qui vont au delà de la santé. Elles encouragent les relations interservices et la convivialité. Cela a été un vrai défi de trouver un moment commun à des personnels aux emplois du temps très variés. Cela permet par exemple à une femme de ménage et une assistante de formation de prolonger la séance commune par un déjeuner partagé.

Notre entreprise offre deux tiers du temps de séance, soit 40 minutes, et 20 minutes sont prises par l’agent. Depuis le début, nous avons le souci de ne pas rallonger les journées.

Aujourd’hui, nous travaillons sur l’ouverture à d’autres sports. Au badminton par exemple. Si nous disposons de douches, nous n’avons pas de salle pour accueillir ce type d’activité sportive, nous échangeons actuellement avec les collectivités pour trouver une solution. Une chose est sûre : nos débuts sont prometteurs.

Emilie Weynants
© Ouest France

Activité physique : "Un médecin du sport : la sédentarité réduit l'espérance de vie"

Intégrer des moments d’activité, dans la semaine comme le week-end, permet de lutter contre les effets de la sédentarité (archives Ouest France)

Spécialiste des maladies cardio-vasculaires et médecin du sport au CHU d’Angers, le Professeur Pierre Abraham rappelle les effets délétères de la sédentarité. Si elle ne tue pas, « elle appuie sur la pédale d’accélérateur ».

Entretien

Qu’est-ce qu’un comportement sédentaire ?
Il y a plusieurs façons de voir les choses. La sédentarité, c’est l’absence d’activités physiques, et pas seulement sportives, au quotidien. On peut la quantifier de différentes manières : en recensant le nombre d’heures passées devant un écran, en l’évaluant à l’aide d’un questionnaire ou via des outils de mesure tel un podomètre, par exemple.

Quelles différences faites-vous entre activités physiques et sport ?
La notion même de sport a évolué dans l’histoire. Une édition du Littré du siècle dernier le définissait comme : « Ce qui a trait aux courses et aux chasses. Puis, le sport s’est démocratisé. La définition qu’on en fait aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’hier. Au XXIe siècle, il renvoie aux activités physiques encadrées et pratiquées dans un but de performance. Mais, comme pour l’activité physique, il n’y a pas d’effet seuil.

Idéalement, que faudrait-il faire ?
Pour lutter contre la sédentarité, il est conseillé, au quotidien, de trouver un temps pour aller marcher, s’entraîner, trotter… Il y a une dimension culturelle dans tout cela : il faut faire rentrer dans son quotidien l’idée même qu’il faut se bouger, dans une société où l’on est sollicité à ne rien faire. Les progrès portent leurs propres limites. Tout est question d’équilibre.

Dans une interview au Monde, le Professeur François Carré déclarait justement : « La sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès ». Qu’en pensez-vous ?

Il a raison, c’est une bonne définition. Le progrès est là pour aider, mais cette aide ne doit pas se substituer à l’activité physique journalière. Notre quotidien est aujourd’hui facilité, et heureusement, mais l’excès n’est pas bon. L’homme moderne est bien plus sédentaire qu’il n’a pu l’être, et c’est en cela que je trouve cette définition très belle. Les outils facilitateurs ont parfois pris le pas sur une activité physique minimale.

Quels sont les effets de la sédentarité ?
Ils se traduisent sur tout le corps : le système osseux, le système cardio-vasculaire… En fait, le corps n’est pas fait pour rester immobile. Le mouvement, c’est la vie. En tant qu’Homme, nous devons bouger et utiliser les substrats énergétiques (lipides, glucides et protéines) que nous avons dans notre organisme. Si nous ne bougeons pas, nous nous usons, nous grippons, nous encrassons… Telle une voiture qu’on laisserait au garage.

Peut-on mourir de sédentarité ?
Non, mais elle appuie sur la pédale d’accélérateur. Elle réduit l’espérance de vie. Ne rien faire, c’est la meilleure façon de ne pas se faire écraser, mais aussi de faire rouiller la machine.

L’activité physique est également un révélateur de maladie. L’organisme fonctionne comme une voiture : à 50 km/h, il ne broute pas… Mais à 130 km/h, les choses peuvent être différentes. Elle peut signaler précocement les petits dysfonctionnements qui peuvent se faire jour avec l’âge, et éviter qu’ils ne s’aggravent.

Quels conseils donnez-vous aux personnes qui ont un travail sédentaire ?
Il faut intégrer des moments d’activité. Dans les temps de transport par exemple, même si les centres urbains ne facilitent pas tellement cela… Aujourd’hui, il y a une vraie réflexion autour de l’urbanisme : comment peut-il favoriser l’activité physique, comment l’intégrer dans notre quotidien ? La problématique dépasse le cadre médical. Les acteurs politiques ont pris conscience de son importance même si les moyens pour y arriver sont encore dérisoires. Les sociologues se sont également emparés du sujet…

Un complément d’information, sur le même sujet, en vidéo :

Emilie Weynants
© Ouest France

Activité physique : "A Angers, ces Pink Ladies ont une force de vivre à toute épreuve"

Après s’être engagée sur la Vogalonga de Venise en 2016, les Pink Ladies angevines ont mis le cap sur la Croatie en juin dernier.

C’est prouvé scientifiquement : pour lutter contre le cancer, rien de tel que de pratiquer une activité physique. Au club de canoë d’Angers, une poignée de femmes ont repris forces et confiance. Certaines ont vaincu la maladie, mais n’ont pas quitté la section.

Depuis 2014, Katia est une Pink Lady. Christine, depuis 2015. À l’époque, ces deux battantes sont en pleine chimiothérapie pour soigner un cancer du sein. Pourtant, c’est le moment qu’elles choisissent pour rejoindre une section du club de canoë-kayak d’Angers, le CKCA.

« Les Pink ladies, c’est un mouvement international qui regroupe des femmes atteintes (ou qui ont été atteintes) d’un cancer féminin, principalement du sein », présente Katia. À bord d’un Dragon boat, elles naviguent en équipage, histoire de développer une bonne énergie physique, psychique et d’éliminer les toxines. « Il est scientifiquement prouvé que la pratique régulière d’une activité physique a un impact sur les maladies chroniques, comme le cancer », défend Loïc Faivre, enseignant en activités physiques adaptées.

C’est lui qui a eu l’idée d’ouvrir la section et qui encourage les patient(e)s rencontré(e)s à l’Institut de cancérologie de l’Ouest, l’ICO Paul-Papin, à la rejoindre. « Pendant le traitement, la pratique d’une activité permet de lutter contre les effets secondaires, comme la fatigue ou le déconditionnement physique. Après, elle diminue les risques de récidive, de près de 50% », détaille l’enseignant. Deux à trois séances d’exercices, type marche ou course à pied, sont aussi conseillées au stade primaire, avant la maladie. « Ce n’est jamais trop tard pour commencer, mais on remarque que plus les gens s’engagent tôt, plus ils continuent longtemps. »

« Merci à la maladie »
Les Pink ladies angevines, âgées de 38 à 70 ans, se retrouvent deux heures par semaine, le jeudi soir ou le samedi matin. Si Christine, fonctionnaire de police, maniait déjà la pagaie avant la maladie, pour Katia, assistante de ressources humaines, un « poste plus sédentaire », le canoë a été une vraie découverte. « Par le sport, je me suis sentie vivre », témoigne la première, souriante, touchante. « La maladie isole. Intégrer ce type d’association reconstruit psychologiquement. »

À bord du canoë, les femmes ironisent avec humour sur le cancer. Lorsqu’elles en parlent, ce qui est plutôt rare. Elles s’épaulent aussi, se rassurent. « On est devenues amies », raconte Katia. « Je dirais même merci à la maladie. Je suis aujourd’hui beaucoup plus sereine, je profite à 300% de ma seconde vie. » À l’ICO Paul-Papin, le sport est présenté comme un soin de support, qui ne doit en aucun cas se substituer aux soins médicaux. Au quotidien, Loïc Faivre s’adapte aux patients rencontrés en leur proposant trois types d’activités physiques : du footing, de la marche classique ou nordique, et du renforcement musculaire.

« Se défouler »
Cent quarante personnes se portent volontaires chaque année. Surtout des femmes. Quelques-unes, conscientes que leur corps est en train de faiblir, ont fait le parallèle avec des associations locales, le kayak, mais aussi l’escrime ou la boxe. Le SCO escrime et le Battling Club accueillent ainsi des patientes « qui veulent se défouler ». Depuis la rentrée, une activité de danse afro-brésilienne est aussi proposée. Rien n’est choisi au hasard. « La danse aide à reprendre confiance en soi, en son corps, et à coordonner et synchroniser les mouvements, comme le canoë », souligne Loïc Faivre.

Aujourd’hui pour Katia et Christine, la pratique est devenue plus technique. Et comme cette dernière, certaines Pink Ladies sont mêmes attirées par la compétition. Même guéries, pas question de quitter le navire : le canoë, c’est leur bouffée d’oxygène.

Emilie Weynants
© Ouest France

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