[E.dossier] spécial « Autonomie »

La Mutualité Française Pays de la Loire et Ouest France se sont associés pour élaborer un dossier spécial consacré à la santé en Pays de la Loire. Parmi les différents thèmes abordés, celui notamment du maintien de l’autonomie.

Maintien de l'autonomie : "Autonomie des seniors. Du sport pour maintenir son équilibre"

Pieds, jambes, bassins, toutes les parties du corps ou presque sont mises à contribution lors des « séances équilibre ».

À Nantes, mais pas seulement, des séances sportives spécifiques à destination des personnes âgées sont organisées. L’idée ? Prévenir les chutes et reprendre conscience de son corps.

« On s’assied sur le bout de la chaise, on baisse les épaules, on respire, on relâche les trapèzes […]. Debout, mains sur le bassin, on regarde vers le haut, puis vers le bas, doucement, pour garder l’équilibre. » Un après-midi, dans l’une des salles de la Manufacture, à Nantes.

Christine Catenne, éducatrice sportive, spécialiste des seniors au sein de la Fédération française Sports pour tous, est entourée d’une petite quinzaine de participants, de 66 à 86 ans. Ils se donnent rendez-vous toutes les semaines pour des « séances équilibre ».

« On a peur de chuter »
« C’est la suite du programme PIED (Programme intégré d’équilibre dynamique, N.D.L.R.), qui vise à améliorer l’équilibre des seniors en reprenant conscience de son corps et en se musclant. Les ‘séances équilibres’ sont proposées pour poursuivre ce travail-là, et notamment éviter les chutes », détaille l’éducatrice.

Au-delà de 65 ans, une personne sur trois fait au moins une chute au cours de l’année. Le but de ces séances est donc de redonner confiance aux seniors qui ont pour la plupart très peur de tomber. « C’est un cercle vicieux, on a peur de chuter, on sort moins, les muscles diminuent, on fait aussi moins travailler l’oreille interne et donc on a plus de probabilités de chuter. » Ce jour-là, les participants commencent par quelques exercices de relaxation. Le but : se recentrer, faire une seule chose à la fois et rester calme, ce qui permet d’éviter de nombreuses chutes.

Balles sous les pieds
Une partie de l’atelier est consacrée aux pieds. Pierre, Nicole, Huguette et les autres font rouler une petite balle sous leurs pieds puis essayent de l’agripper. « Selon la médecine chinoise, vos petits orteils sont reliés à la nuque. Si vous n’arrivez pas à les ouvrir sur la balle, c’est que vous devez avoir un problème à la nuque », détaille Christine Catenne. Ainsi, pieds et chevilles sont primordiaux dans l’équilibre. « Si on ne les fait pas travailler, on peut perdre les sensations et ainsi plus facilement tomber. Plus nos chevilles seront souples, moins on se fera mal en tombant », poursuit l’éducatrice.

Et quand la chute arrive malgré tout, il faut savoir se relever, en actionnant bras et jambes en même temps pour que le corps se retourne tout seul. « C’est inné de faire ça, regardez les bébés! » « Ça m’est d’ailleurs arrivé la semaine dernière, lance Nicole, l’une des sportives du jour. Grâce à cette technique, je me suis relevée seule. » Pierre, le doyen du groupe, renchérit : « Je refais les exercices que l’on apprend ici tous les jours, ça m’aide beaucoup dans mon équilibre. » Danielle conclut, dans un sourire : « Christine nous apprend à bien vieillir. C’est une chance. »

Claire Baudiffier
© Ouest France

Maintien de l'autonomie : "Angers. Au Square des âges, ils restent acteurs de leur vie"

Les mardis et jeudis, une poignée de locataires se retrouvent au rez-de-chaussée pour une séance de gym.

Une quarantaine de locataires ont choisi cet habitat intermédiaire dans le quartier de Belle-Beille à Angers. Chacun dispose d’un appartement et d’espaces communs en libre accès. L’idée: maintenir leur autonomie, tout en répondant à leurs besoins.

Ne parlez pas ici de résidence séniors ou services. Le Square des âges, implanté rue de la Côte-de-Belle-Vue à Angers est un habitat intermédiaire, comme on dit dans le jargon. Comprenez : un immeuble collectif, dans lequel les locataires (plutôt que résidents) louent des appartements, du T1 bis au T3, comme n’importe où ailleurs.

La différence, c’est que le site se veut convivial et sécurisant. Au rez-de-chaussée, une salle commune permet aux locataires de se retrouver, d’échanger. Ce lundi de juillet, Gabrielle, 86 ans, Marie-Louise, 79 ans et Huguette, 84 ans refont le monde. Chaque après-midi, elles s’installent ici, après le déjeuner et jusqu’à 17h environ. Les mardis et jeudis, les deux premières se laissent aller à des séances de « gym prévention santé », collectives ou individuelles, proposées par l’association Ciel Bleu qui s’installe dans la salle dédiée.

Cette dernière sert aussi aux répétitions de la chorale, qui attire sept à huit locataires. Ici rien n’est obligatoire. « Les personnes âgées sont à domicile, mais peuvent profiter d’espaces et d’activités en commun. Si besoin, une professionnelle est aussi présente du lundi au vendredi », détaille André Boutet, coordinateur des Squares des âges en Anjou et en Mayenne. Sur place, Anne Flatres est chargée de répondre aux problématiques des locataires. Sans jamais faire « à la place de ». « Si l’un d’entre eux a des difficultés à se faire à manger, nous pouvons l’orienter vers un service de portage de repas à domicile », illustre-t-elle, en exemple. « L’idée est qu’ils restent acteurs de leurs vies », complète Nadine Martineau, directrice hébergement du pôle santé autonomie de la Mutualité.

Éléments déclencheurs
Gabrielle a mis près d’un an à se décider à rejoindre le Square des âges, dès son ouverture, en 2012. C’est pour se rapprocher de sa fille qu’elle a franchi le pas. Ici, elle dispose d’un logement adapté et adaptable, aux nouvelles technologies notamment (chemin lumineux, volets roulants…). « Il y a plusieurs éléments déclencheurs : le décès ou la maladie du conjoint, la volonté de se rapprocher de ses enfants, l’envie de retrouver du lien social, l’incapacité d’entretenir une grande maison… », énumère Nadine Martineau. François et Thérèse se sont installés en couple.

Ce lundi, ils jouent aux cartes, accompagnés de Marie-Louise et Bernadette. Si aujourd’hui leur santé les en empêche, jusqu’à l’été dernier, pas un jour ne se passait sans que ces deux dernières prennent l’air : un tour au supermarché en navette ou en bus, une promenade à proximité…

Les étudiants s’invitent
Deux habitats intermédiaires sont implantés dans le Maine-et-Loire : à Angers et Avrillé, un en Mayenne, à Château-Gontier. Au total 34 structures ont été ouvertes depuis une vingtaine d’années dans les Pays de la Loire. Toujours au cœur des villes. « Les locataires ne doivent plus avoir à prendre leur voiture, tout doit être accessible à pied », défend Nadine Martineau. Dans ces structures, l’âge moyen des séniors s’établit autour de 84-85 ans. « La population vieillit plus longtemps en bonne santé », a observé la directrice hébergement. Si des animations sont proposées avec les autres établissements de la Mutualité, des rencontres intergénérationnelles sont aussi provoquées.

À Belle Vue, une dizaine de logements sont mis à la disposition d’étudiants. Leur condition pour y accéder : proposer une activité mensuelle aux locataires séniors. Pour cette année, des ateliers jeux de société, vernis à ongle ou yoga ont été soumis et validés par la direction. Les personnes âgées doivent aussi passer en commission pour décrocher un logement au Square des âges. « Elles doivent être suffisamment autonomes pour présenter un dossier », prévient Nadine Martineau. Un logement temporaire a d’ailleurs été mis sur pied « pour celles qui voudraient découvrir la structure », conclut André Boutet. Car c’est une décision qui ne se prend pas à la légère.

Emilie Weynants
© Ouest France

Maintien de l'autonomie : "Angers. Une "technicothèque" pour se préparer à bien vieillir"

Le maintien à domicile est aujourd’hui une priorité. Depuis sa création, près de 300 personnes sollicitent chaque année la technicothèque, dans le Maine-et-Loire. Peter Maszlen

La plateforme, imaginée par le Département, propose équipements et technologies aux séniors et personnes handicapées. Objectif : soutenir l’autonomie et le maintien à domicile.

La technicothèque, c’est quoi ?
« C’est une plateforme départementale d’accessibilité pour l’autonomie et les actes de la vie quotidienne », définit Marie-Pierre Martin, vice-présidente du conseil départemental, déléguée aux solidarités. Elle doit favoriser le maintien à domicile. Le service, car c’en est un, est né en 2015, sous l’impulsion du Centich (Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie). Avec un objectif : regrouper toutes les informations et les aides destinées aux citoyens en perte d’autonomie. « Notre objectif est d’améliorer l’aide technique après une hospitalisation, ou le maintien à domicile, grâce à des dispositifs innovants », poursuit l’élu.

Comment ça marche ?
La Maison de l’autonomie (MDA) est la porte d’entrée de toutes les démarches. C’est le lieu unique qui reçoit les personnes et répond à leurs questions. « La MDA a une mission d’accueil, d’évaluation et d’orientation », résume Marie-Pierre Martin.

Les personnes intéressées doivent déposer un dossier au sein de la MDA. Puis un ergothérapeute vient évaluer les besoins du demandeur, à domicile. Puis des préconisations sont formulées, des aides conseillées. « Il faut compter moins de deux mois entre l’évaluation à domicile et la mise en place », soutient Marie Voisin, ergothérapeute au Centich. Côté financement, le bénéficiaire peut solliciter l’allocation personnalisée d’autonomie (l’APA), également mobilisable pour les aides humaines.

« Le but étant que le reste à charge ne soit jamais un frein à l’équipement », soutient Marie-Pierre Martin. Le dispositif installé, l’ergothérapeute conseille le bénéficiaire sur la prise en main et l’aide à s’adapter à son nouvel environnement en s’assurant que les techniques préconisées répondent bien aux situations identifiées.

A quels outils peut-on avoir accès ?
La technicothèque a profité de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement entrée en vigueur au 1er janvier 2016. Les personnes âgées ou porteurs d’un handicap peuvent solliciter des aides diverses : sur-élévateurs de télévision, barre d’appui, fauteuil roulant, télé-agrandisseur… « Nous proposons tout type de matériel qui vient compenser ou prévenir une déficience, un handicap, une perte d’autonomie », souligne Marie Voisin. Dernièrement un tire-bouchon électronique a ainsi été délivré à une personne hémiplégique. « Il s’agit ici d’aides individuelles mais réutilisables. On exclut tout appareil auditif par exemple », complète Marie-Pierre Martin.

Depuis sa création, près de 300 personnes sollicitent chaque année la technicothèque, dans le Maine-et-Loire. Un dispositif cité en exemple et qui inspire d’autres départements.

Zoom sur le Centich
Le Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie (Centich) est un service de soins et d’accompagnement mutualiste géré par la Mutualité française Anjou-Mayenne. La structure travaille autour de trois axes : l’expertise et l’évaluation ; la recherche et le développement, et les projets d’intérêts généraux. Avec un seul objectif : encourager la maintien et le vieillissement à domicile. « Nous essayons de réfléchir à ces technologies en mettant en relation nos compétences avec celles des industriels, des collectivités, en sollicitant les bénéficiaires… Nous avons un rôle d’interface », présente Marie Voisin, ergothérapeute du Centich.

A l’initiative de la technicothèque et de l’appartement Léna, un « espace accessible et évolutif quelque soit le niveau d’autonomie, appelé à devenir un véritable living-lab pour intégrer, tester et évaluer des technologies », le Centich est également acteur de projet tels Slash +, une sorte de GPS d’intérieur permettant de localiser des biens ou des personnes ou d’Asstimoove, un projet dédié aux personnes sujettes aux déambulations nocturnes.

Le Centich est un acteur incontournable du pôle Silver angevin. En 2019, un espace Silver devrait d’ailleurs rassembler toutes les compétences du « bien veillir à domicile ».

Emilie Weynants
© Ouest France

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