[E.dossier] spécial « La Santé en Pays de la Loire »

La Mutualité Française Pays de la Loire et Ouest France se sont associés pour élaborer un dossier spécial web consacré à la santé en Pays de la Loire. Publié sur le site de Ouest France, ce dossier de 17 articles donne la parole à des acteurs locaux reconnus pour leur expertise ou initiative en santé.

Vision : "Angers. Basse vision : un centre pour réapprivoiser le quotidien"

Fernand Rath en séance d’ophtalmologie

Complémentaires du travail mené en libéral, les professionnels du Centre régional de basse vision accueillent les patients qui « ne peuvent plus faire comme avant » et leur livrent conseils et adaptations pour oublier leur handicap.

Odile est installée derrière un ordinateur, son sac tout près d’elle. Ses mains balaient le clavier au rythme des paroles de l’ergothérapeute. « Chaque touche F a une action précise. Pour fermer le logiciel, vous devez appuyer sur Alt et F4 », explique-t-elle. Odile est non-voyante, c’est ce qui l’amène au Centre régional de basse vision, à Angers, plusieurs fois par semaine. Ce mardi, en séance d’AVJ, pour autonomie de la vie journalière, elle a choisi de travailler l’informatique. « J’aimerais avoir accès à la presse, à la météo, au programme télé ou à des recettes de cuisine », souligne celle qui voudrait aussi envoyer des mails à ses enfants. En totale autonomie. Faute de pouvoir compter sur la vue, cette cinquantenaire mobilise ses autres sens : le toucher ou l’ouïe… «  Vous entendez l’unité centrale qui fait un peu de bruit ? C’est qu’elle s’arrête  », renseigne l’ergothérapeute.

Neuf heures de rendez-vous analytique
Les usagers, préférés à patients, poussent la porte du CRBV, un soin de suite et de réadaptation, lorsqu’une pathologie, évolutive, trouble le fonctionnement de leur vie quotidienne. Des gestes simples, comme mettre du dentifrice sur leur brosse à dents, éplucher une pomme, tricoter, lire, lancer le lave-vaisselle ou pousser la porte de la boulangerie, sont mis à mal par une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une rétinite pigmentaire, une tumeur. « On travaille sur le côté fonctionnel en évaluant les conséquences des déficits et de l’incapacité  », résume le docteur Le Gouvello, ophtalmologiste au centre.

La structure est pluridisciplinaire. Chaque usager est d’abord évalué par huit professionnels avant de commencer sa réadaptation, personnalisée. Ils rencontrent un ophtalmologiste, un orthoptiste, des éducateurs en gestes du quotidien, et locomotion, avant de s’entretenir avec une psychologue et une assistante sociale. «  La déficience peut jouer sur le moral  », indique le docteur Le Gouvello. Au total, ces neuf heures de rendez-vous, dit analytique, peuvent s’étaler sur près de deux mois. Quand la durée de la rééducation elle, est variable. «  Tant qu’un geste n’est pas naturel et demande un effort, l’usager revient  », précise la docteure Saout, médecin de rééducation fonctionnelle.

«  Être plus indépendant  »
Eric, 53 ans, malvoyant en est à sa quatorzième séance d’orthoptie. Ici, Madame Husson-Barrault tente de lui donner les outils nécessaires pour qu’il utilise au mieux ses capacités visuelles. « Ça prend du temps, mais on avance », reconnaît-il. Au Centre, « il apprend à être plus indépendant ». Et grâce à des outils comme le télé-agrandisseur ou la loupe électronique, qu’il a toujours dans son sac, il a pu retrouver le plaisir de la lecture.

Ce jour-là, la spécialiste lui projette des mots très courts, en mouvement, sur un fond contrasté pour coller au plus près de la réalité. Objectif : «  faire travailler le mouvement des yeux pour améliorer l’utilisation de sa vision lorsqu’il regarde de loin et la rendre plus performante  », détaille l’orthoptiste.

Dans ses déplacements, Eric peut s’aider de sa canne blanche qui le protège des obstacles et lui livre les informations au sol. À quelques mètres de là, dans la salle informatique, Odile cherche des astuces pour se faciliter la vie : «  Peut-être que je pourrais ajouter une gommette ou une pastille pour m’aider à identifier telle ou telle touche ?  » Des trucs simples, finalement.

Emilie WEYNANTS
© Ouest France

Vision : 5 conseils pour préserver sa vue"

Les yeux qui piquent ou brûlent, les migraines, la fatigue… Au quotidien, une mauvaise « utilisation » de ses yeux peut être à l’origine de bien des maux. Une orthoptiste angevine explique pourquoi et comment il faut prendre soin de ses yeux, à tout âge.

L’orthoptiste, c’est le spécialiste de la rééducation de la vision fonctionnelle, autrement dit, celui qui livre des pistes pour utiliser au mieux son regard, au quotidien. « Mes patients ont de 3 mois à 100 ans », souligne Marie-Annick Thozet, orthoptiste à Avrillé, dans le Maine-et-Loire. Si elle peut intervenir après des pathologies lourdes, type tumeur ou accidents cardio-vasculaires, des problèmes de basse vision ou de vision double, chez l’adulte, comme chez l’enfant, de simples maux de tête ou une fatigue visuelle peuvent amener à pousser la porte de cette spécialiste.

« Des ostéopathes peuvent nous envoyer des patients qui ont des douleurs cervicales », illustre-t-elle. Si la rééducation est multiple, personnalisée et uniquement sur prescription médicale, des conseils simples peuvent éviter le pire. Marie-Annick Thozet nous livre ici cinq commandements orthoptiques :

Face à l’écran tu t’installeras
« Il faut toujours être bien installé en face de son écran. Le regard ne doit jamais être de côté. Pour bien faire, le haut de l’écran doit être au niveau des yeux et l’ordinateur doit être à distance de bras. Si celui-ci est trop loin, ou trop près, nous ne mettons pas les mêmes stratégies visuelles en place. Trop près, l’accommodation qui se fait au niveau du cristallin, est trop sollicitée, comme la convergence oculaire. Tel un appareil photo, nos yeux doivent effectuer une mise au point lorsqu’ils fixent quelque chose. Si nous les sollicitons trop, ceux-ci se fatiguent. Idem si l’écran est trop loin, l’image va être de moins bonne qualité, et la perception ne sera pas facile à tenir. »

La lumière tu soigneras
« Lorsque nous nous installons devant un ordinateur, la lumière doit toujours venir perpendiculairement à l’écran. Cela permet d’éviter les reflets, si elle vient de derrière ; et les contre-jours, si elle vient de devant. Dans ce dernier cas, cela oblige la pupille à s’adapter sans cesse à la situation par des mouvements répétitifs. »

« Au poste de travail, il est conseillé d’ajouter une lampe de bureau, installée sur le côté. Attention, celle-ci doit être basse et éclairer le clavier ou des documents installés devant soi. Objectif : avoir une unité de lumière, car passer d’une zone lumineuse à une autre fatigue l’œil. Il faut aussi penser à régler la luminosité de son écran d’ordinateur. Il n’y a pas de règle, l’intensité est fonction de chacun. »

En voiture, droit devant toi tu regarderas
« Il faut là encore veiller à être bien installé. La position est essentielle lorsqu’on se lance pour plusieurs heures de route, car il faut avoir le regard droit devant. »

L’éclairage tu privilégieras !
« Les gens ont tendance à penser que lorsqu’on ne voit plus, il faut se munir de lunettes. Ce n’est pas toujours suffisant. Un bon éclairage peut parfois résoudre le problème. À 40 ans, nous avons besoin de deux fois plus de luminosité qu’à 20 ans, à 60 ans, deux fois plus qu’à 40 ans, et à 80 ans, deux fois plus qu’à 60 ans ! L’éclairage doit être très localisé et installé à différents endroits selon nos activités. Quelqu’un qui lit peut installer une lampe réglable capable de venir à dix centimètres du document. »

« D’ailleurs, les lampes de chevet aux abat-jour classiques ne sont pas celles qui vont nous aider pour la lecture. Les lampes de bureau, ajustées et mobiles, sont les plus conseillées. Attention aussi aux liseuses, à clipser sur un livre, bien pour le camping mais peu suffisantes pour une lecture longue. Il faut enfin veiller à ce que la lumière n’arrive pas directement dans les yeux. Un éblouissement entraîne de la fatigue. De la luminosité, c’est bien, mais lorsqu’elle est localisée. »

Les activités tu varieras
« Le regard ne doit pas rester figé sur son écran d’ordinateur. Il est important de lever les yeux, très régulièrement, et de les amener à l’infini, en regardant par une fenêtre, le ciel, les arbres, un oiseau volé… Idéalement, il faut se lever et marcher. Quelqu’un qui passe 40 ans, sept heures par jour, pendant toute une semaine sur un écran d’ordinateur connaîtra plus de fatigue que quelqu’un qui a varié les activités et qui n’a pas toujours posé son regard au même endroit. Ce qui est compliqué ici, c’est la répétition. S’il n’est pas directement responsable de pathologie, l’écran est un révélateur. »

Et s’il vous faut absolument passer par des lunettes, ces conseils avant de les choisir :

Emilie Weynants
© Ouest France

Vision / Audition : "Il ne faut pas avoir peur de se faire dépister"

Gilles Berrut insiste sur l’importance du dépistage pour les problèmes de vue et d’audition, et ce également chez les personnes atteintes de troubles de la mémoire.

Le spécialiste Gilles Berrut estime que l’accumulation de problèmes de vue ou d’audition aggrave le déclin cognitif des personnes âgées. Il préconise donc de se faire dépister dès que possible, notamment pour certaines pathologies.

Entretien. Gilles Berrut, professeur de médecine interne gériatrique, président du Gérontopôle des Pays de la Loire, chef du pôle hospitalo-universitaire de gérontologie clinique du CHU de Nantes.

Quels sont les troubles visuels fréquents apparaissant avec l’âge ?
On peut citer la cataracte et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Cette dernière empêche la vision centrale, on ne voit alors qu’avec sa vision périphérique. En gros, si vous voulez voir ce qu’il y a au centre, vous devrez regarder à côté. Le souci, c’est qu’on ne se rend pas compte de ce trouble. C’est pourquoi nous avons créé une unité d’ophtalmo-gériatrie à l’hôpital Bellier avec le Pr Weber.

Comment le soigner, alors ?
Il faut s’en préoccuper à partir de 70 ans et aller au minimum tous les deux ans chez l’ophtalmologue. Tous les ans, c’est encore mieux ! Un dépistage est alors pratiqué et si la DMLA est détectée, on injecte un médicament anti-angiogéniques. Ce traitement permet à la maladie de ne pas s’étendre. Il est très important aussi de traiter ça chez les personnes atteintes de troubles de la mémoire. On s’est rendu compte que les troubles de la vue (et de l’audition) de ces dernières étaient mal pris en compte. Or, avoir des problèmes de mémoire et des soucis de vue aggrave le déclin cognitif.

Est-ce la même chose pour les problèmes d’audition ?
Oui, le problème principal est celui de la presbyacousie. Les personnes entendent bien lors d’une conversation classique dans le calme, mais s’il y a derrière un bruit de fond (télé ou autre personne qui parle), tout se brouille. Il est alors possible de s’équiper d’une audioprothèse. Bien sûr, il faut s’y habituer et ce n’est pas toujours facile, car l’appareil auditif est moins admis dans la société que des lunettes par exemple, mais je conseille tout de même de ne pas le faire trop tard, autour des 65-75 ans. L’important est de ne pas être dans le déni sur cette question-là.

S’occuper de sa vue et de son audition, c’est aussi un moyen de prévenir d’autres maladies ?
Il est certain que lorsqu’on n’entend plus, ou moins, on crée un isolement qui est très mauvais pour le cerveau. Il est important de « se forcer » à parler avec les autres, même si parfois on doit faire répéter. Un conseil pour les proches de personnes ayant des problèmes d’audition : parler en face en articulant, sans parler fort ni déformer son visage. Dans certains cas, le chuchotement à l’oreille est aussi parfois efficace.

Dans tous les cas, vous préconisez le(s) dépistages…
Oui, il ne faut pas avoir peur de se faire dépister. Dire ce qui ne va pas à votre médecin, il ne peut pas le deviner. Sachez vous plaindre, en résumé ! Et dites-vous que quel que soit l’âge, on peut faire quelque chose. Si votre médecin vous dit le contraire, n’hésitez pas à prendre un deuxième avis !

Claire Baudiffier
© Ouest France

Audition : "Peace and Lobe, des concerts pour mieux écouter la musique"

En 2017/2018, une soixantaine de concerts Peace and Lobe seront donnés dans toute la région.

Depuis une dizaine d’années, les spectacles « Peace and Lobe », proposés dans diverses salles de la région, sensibilisent les 12-19 ans aux risques liés à l’écoute de musique à des volumes sonores importants.

L’initiative
81% des 12-19 ans des Pays de la Loire écoutent plus d’une heure de musique par jour. Et plus de 50% des ados à un niveau plutôt fort ou très fort. « Ces chiffres ressortent d’une enquête que l’on a menée en 2014 sur le rapport des jeunes à la musique », détaille Hélène Fourrage, directrice de Mus’azik.

Cette structure de production de spectacles propose ‑ via un dispositif national ‑ des concerts pour sensibiliser les adolescents aux risques auditifs. « Les concerts existent depuis 2000. Il y a eu une pause entre 2004 et 2008 et depuis, de nombreux spectacles ont eu lieu. » Ainsi, environ 12000 jeunes sont touchés chaque année. « Les concerts Peace and Lobe s’articulent autour d’un mélange de conférences, de dialogues et de morceaux de musique bien sûr. L’idée est de faire passer un message, pour que les jeunes gardent leur audition le plus longtemps possible. » Tous ont lieu sur le temps scolaire, dans des salles de spectacles (Stéréolux ou salle Paul Fort à Nantes, Chabada à Angers, 6 par 4 à Laval…) et sont assurés par huit personnes, six musiciens et deux techniciens, issus de groupes de musique différents et formés spécifiquement sur la thématique des risques liés à l’écoute de musiques.

58% ont déjà ressenti des acouphènes
« On évoque l’évolution des différents styles de musiques, de l’acoustique, l’amplification, la numérisation… Puis on discute, via des schémas, de la physiologie de l’oreille et de la définition d’un décibel. Attention, on n’est pas là pour faire un cours, mais pour faire des piqûres de rappel de manière ludique », poursuit la directrice de Mus’azik.

Et les adolescents sont bel et bien concernés puisque 58% affirment ‑ toujours selon l’enquête citée plus haut ‑ avoir déjà ressenti des acouphènes (sifflements et bourdonnements dans les oreilles). Pour la tranche d’âge 18-19 ans, le chiffre grimpe à 67%. « À cet âge-là, il y a davantage de sorties en boîtes de nuit », explique Hélène Fourrage.

« Nous en profitons donc pour distiller quelques conseils, comme celui par exemple de regarder le poids d’un morceau au moment de son téléchargement. Plus celui-ci est faible, moins la qualité des voix sera bonne et plus les jeunes auront tendance à augmenter le son. Par ailleurs, quand ils sont dans un concert, nous leur conseillons de sortir une quinzaine de minutes toutes les heures et de ne pas attendre d’avoir mal avant de mettre des bouchons », poursuit la jeune femme.

Un autre élément qui est ressorti des dialogues pendant les concerts, c’est le fait de s’endormir avec la musique sur les oreilles. « Là, vraiment, on explique que c’est la dernière chose à faire. Il faut absolument paramétrer son appareil pour que la musique s’arrête ! L’oreille a besoin de se reposer et une fois qu’elle est endommagée, la vie peut devenir très compliquée… »

Toutes les dates de La tournée 2017-2018 qui débutera le 9 novembre à Allonnes et se terminera le 17 avril à Saint-Nazaire.

Claire Baudiffier
© Ouest France

Audition : "Ecouteurs, casques, téléphones... Prenez soin de vos oreilles !"

La perte d’audition est souvent progressive. Il faut donc être vigilant à la moindre alerte, et ne pas hésiter à consulter un médecin ORL.

C’est connu, le bruit, quand il est trop fort, peut avoir de graves conséquences sur la santé : des risques de surdité, mais aussi un stress accru ou des problèmes d’endormissement. Quelques conseils pour s’en prémunir.

Que dit la loi ?
Qui n’est jamais sorti d’un concert avec cette impression de bourdonnement dans les oreilles… Rien de grave ? Pas si sûr… En 2017, la surdité ne concerne plus que les séniors. « 6% des 15-24 ans ont une perte auditive ; 9% des 24-35 ans », précise Fabrice Natovova audioprothésiste mutualiste à La Roche-sur-Yon. Si le bruit est très encadré sur les lieux de travail, dans l’industrie par exemple, avec un seuil fixé à 80 décibels, « la mode semble être revenue aux sons forts », a remarqué le professionnel. Pendant un concert ou en boîte de nuit, la limite autorisée est rehaussée pour atteindre 102 décibels en continu, 118 pour les « pics sonores ». 120, c’est le seuil de douleur pour une oreille saine…

Au téléphone, que risque-t-on ?
Rares sont les téléphones portables préréglés. La manipulation doit être faite par chacun, dans les réglages de l’appareil. Certains sont équipés d’une barre qui se colore en fonction du seuil atteint. Vert, c’est bon. Rouge, c’est trop. « Quelqu’un qui écoute de la musique sur son iPhone par exemple doit respecter les seuils communs : après quinze minutes d’écoute à 100 dB, il faut arrêter au risque de s’exposer à un acouphène, le seuil irréversible », alarme Fabrice Natovova. L’acouphène, c’est un son qui n’existe pas pour les autres. Il peut ressembler à un bourdonnement, un sifflement ou même un tintement. « Il suffit d’une fois », prévient le spécialiste.

Le son comprimé : bien ou pas ?
Lorsqu’on parle de compression du son, il faut distinguer deux choses : la compression de l’amplitude, du niveau ; et la compression du débit. Ce dernier renvoie au principe du MP3 : on compresse un son, des données, pour que ceux-ci prennent moins de place. Une heure de musique sur CD, soit environ 650 Mo, peut ainsi devenir 60 Mo sur clef USB par exemple. « L’idée est de maintenir une certaine qualité », éclaircit Manuel Melon, enseignant-chercheur à l’université du Mans, qui dit ne pas reconnaître au processus des effets néfastes sur la santé.

La modification de l’amplitude résulte quant à elle d’un calcul mathématique et informatique. Là, l’idée est de réduire les écarts de niveau pour rendre le son perceptible. Ainsi un passage Piano d’une mélodie classique sera bien audible au conducteur au volant de sa voiture. Ce qui n’aurait peut-être pas été le cas si le morceau n’avait pas été comprimé. « Si l’on mesure avec un sonomètre un morceau de classique brut, il peut y avoir entre 10 et 20 décibels de différence entre les moments Piano et Forte. Après compression, il y a entre 0 et 2 décibels de différence », explique Manuel Melon. La radio a régulièrement recours à ce processus qu’on trouve aussi quelques fois lors de concerts. « En modifiant l’équilibre de la musique, on ne modifie par le morceau, même si on en modifie sa qualité. Et plus le son est comprimé, moins il laisse de plages aux oreilles pour se reposer… », poursuit l’universitaire.

Écouteurs ou casque ?
Les chiffres sont sans équivoque : la jeune génération peut dépasser sept heures d’écoute par jour avec des tranches parfois ininterrompues de trois heures…. Alors casque ou écouteurs ? La question ne se pose pas pour nos deux spécialistes. « L’important, c’est l’usage que l’on en fait », défendent-ils.

« Utilisés par 75% des 15-45 ans, les écouteurs ont augmenté le risque de surexposition prolongée à des sons forts », illustre Fabrice Natovova qui indique que les normes européennes limitent à 100 décibels le volume maximal des iPod, des baladeurs MP3 et des casques, dont certains, non « bridés », peuvent atteindre près de 130 décibels.

« Ce qui compte, c’est toujours le niveau sonore qui entre dans les oreilles », poursuit Manuel Melon qui recommande néanmoins des appareils qui isolent de l’extérieur afin d’éviter de mettre plus fort à la moindre pollution sonore.

Comment sensibiliser les plus jeunes ?
« Dix secondes à côté d’une enceinte peuvent suffire », insiste Fabrice Natovova. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 50% des jeunes de 12 à 35 ans sont trop exposés dans les pays développés. L’audioprothésiste reçoit de plus en plus de jeunes patients. Pour lui, pas question de faire une leçon de morale. « Je préfère avoir une approche pédagogique en leur conseillant, dès que leur oreille bourdonne, de mettre des mousses. » Il est aussi possible de commander des bouchons sur-mesure pour maintenir la qualité sonore.

Côté santé. Quand le lien oreille-cerveau se fissure…
« Ce qui abîme l’oreille, c’est la répétition. Et plus le son est fort, plus elle travaille », souligne Manuel Melon, enseignant-chercheur à l’Université du Mans. C’est lorsqu’elle ne peut pas se reposer que des risques apparaissent. Le schéma est semblable à celui de la vue : s’ils sont trop sollicités, les yeux fatiguent et doivent se détendre. « Après deux heures d’écoute, inférieure à 85 dbA, le seuil de danger pour l’oreille, il faut s’arrêter un quart d’heure », recommande Fabrice Natovova, audioprothésiste. À 103 db (A), il suffit de 7,30 minutes pour se faire mal… Les dbA correspondent au son perçu par l’auditeur. Les db à l’intensité réelle.

Car le son impose une pression sur le tympan. « Quand celui-ci est trop fort, les cellules sensorielles de l’audition, appelées cellules ciliées, peuvent être arrachées. Or elles ne repoussent pas », éclaircit le spécialiste qui alerte : l’oreille peut être endommagée bien avant que l’on ne ressente une quelconque douleur…

Une surdité progressive
Mais il est rare de devenir malentendant de manière soudaine. La perte d’audition est souvent progressive. Il faut donc être vigilant à la moindre alerte, et ne pas hésiter à consulter un médecin ORL. En fait, lorsqu’on écoute ou entend un son, l’oreille transforme l’onde sonore pour l’emmener jusqu’au cerveau. C’est alors le cortex auditif qui interprète l’information que lui envoie le nerf. Lorsqu’une personne a une oreille défaillante, la zone du cerveau en charge du traitement des sons, peut alors rencontrer des difficultés. « L’audioprothésiste est chargé de réapprendre au patient comment comprendre un son grâce à une aide auditive », conclut Fabrice Natovova.

Emilie Weynants
© Ouest France

Aidants : "Dans ces entreprises, on aide les salariés... à aider leurs proches"

Philippe Huerre, Camille de Cadenet et Aline Vantz

C’est notamment le cas de la Société Générale, à Nantes. En partenariat avec la Mutualité française, la banque a proposé à ses salariés aidants un cycle d’ateliers pour communiquer autrement, découvrir ses atouts…

Camille de Cadenet est assistante sociale à la Société Générale, à Nantes. Elle reçoit les salariés qui en font la demande pour évoquer leurs problèmes personnels ou professionnels. «Je discute avec beaucoup de personnes aidantes, qui me parlent de leurs difficultés, des démarches qu’ils entreprennent…»

L’an passé, elle rencontre Aline Vantz, responsable de projet prévention et promotion santé à la Mutualité française Pays de la Loire, qui anime des ateliers à destination des aidants actifs (en activité professionnelle) pour leur permettre de se maintenir en santé. «Pas seulement pour ne pas être malade, mais aussi pour se sentir bien, dans ses conditions de travail, ses loisirs, son environnement», précise cette dernière. Un cycle de quatre séances a donc été proposé en début d’année aux salariés, sur leur lieu de travail, à la pause de midi.

Huit d’entre eux y ont participé. «Six femmes et deux hommes, de 45 ans en moyenne. Six d’entre eux s’occupent d’un parent de plus de 90 ans. Les deux autres d’un enfant et d’un neveu», détaille la responsable de projet. «C’est quoi être un aidant actif ?» ; «Comment communiquer autrement pour mieux accompagner ?» ; «Découvrir ses atouts pour mieux se connaître»…

Compétence et créativité
Différentes thématiques ont été abordées. «L’idée est d’installer un climat de confiance et de bienveillance entre les participants, à qui on laisse un large temps de parole.» «Les personnes vont alors échanger entre elles sur leurs pratiques, leurs façons de faire au quotidien…», renchérit Camille de Cadenet.

Et souvent, les aidants ont déjà des comportements très créatifs. « Je pense notamment à l’un d’entre eux qui collaient des photos sur les portes des pièces de la maison, pour que la personne aidée puisse plus facilement se retrouver, raconte Aline Vantz. En fait, les aidants ne s’en rendent pas toujours compte mais ils ont de nombreuses compétences ! Notre ambition est de les accompagner, les valoriser et les faire émerger. »

« S’oublier »
«L’une des caractéristiques communes chez les aidants, c’est le fait de s’oublier. Le sentiment de culpabilité est très présent», dit Camille de Cadenet. «Dans ces ateliers, nous essayons donc de transmettre l’idée selon laquelle plus ils seront bien (en s’accordant du temps pour eux, en faisant du sport ou autre), plus ils feront du bien à leur entourage», souligne Aline Vantz.

Et ça marche, puisque les participants ont demandé un cinquième atelier, qui aura lieu en novembre. Aucun n’a voulu témoigner. Mais dans un questionnaire, ils indiquent qu’ils se sentent plus «sereins, confiants dans l’avenir, mieux préparés» ou encore «apaisés». «Avec le bouche-à-oreille entre salariés, je ne serai pas étonné que certains soient intéressés pour d’autres ateliers», estime Philippe Huerre, chef d’établissement Société Générale Securities Services Nantes, précisant que la mutuelle Société Générale propose une offre d’assistance pour les aidants familiaux (via de l’information, de la formation…). Claire BAUDIFFIER

Claire Baudiffier
© Ouest France

Aidants : "Pour les aidants, l’important est de dialoguer, de ne pas s’enfermer"

Fanny Durozier, psychologue, intervient auprès des aidants au moment où le malade entre en EHPAD

Fatigue, problèmes de dos, isolement… Les aidants peuvent, parfois, rencontrer des difficultés dans leur quotidien. Fanny Durozier, psychologue, accompagne ceux dont les proches entrent en EHPAD.

Entretien. Fanny Durozier, psychologue au sein de Mutualité Retraite

Quel est votre travail au quotidien ?
Fanny Durozier :
Je rencontre les familles de personnes malades, soit à leur propre demande, soit lorsque ça leur a été conseillé par un médecin par exemple. Mon travail intervient au moment où le malade entre en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, N.D.L.R.), en hébergement permanent ou en accueil temporaire (3 mois maximum).

Quelle est alors la difficulté pour les aidants ?
F.D. :
Les aidants ont, pendant parfois de nombreuses années, assumé plusieurs rôles : celui d’époux(ses), de soignants, de comptables… À l’entrée du malade en EHPAD, il s’agit de redéléguer certains de ces rôles, d’obtenir la collaboration des proches, ce qui est bien sûr parfois difficile.

Les aidants rencontrent-ils des problèmes physiques, psychologiques ?
F.D. :
Oui, certains sont très fatigués, manque de sommeil. Le fait d’aider le malade physiquement peut entraîner aussi des problèmes de dos car les gestes ne sont pas forcément adaptés. Souvent, l’aidant est une personne âgée, ce qui multiplie les risques. On les oriente là vers des professionnels de santé.

On entend beaucoup aussi parler d’isolement des aidants.
F.D. :
Oui, le risque d’isolement est présent, les aidants s’autorisent (et concrètement peuvent moins) moins de choses, ne peuvent plus sortir, aller au ciné, à un cours de gym, voir des amis… Ils ont tendance à s’oublier. L’incompréhension de l’entourage qui n’est pas forcément au courant de toutes les conséquences de la maladie (par exemple pour des malades d’Alzheimer, le fait qu’il y ait des troubles du comportement la nuit, qui entraîne une hypervigilance de l’aidant, et donc une fatigue), peut aussi apparaître. L’important est donc, autant que possible, de dialoguer, d’expliquer et de ne pas s’enfermer à deux, en couple, dans la maladie.

Malgré tout, certains aidants ont du mal à accepter d’être aidés.
F.D. :
Tout à fait, parce qu’il y a aussi un sentiment de honte et de culpabilité qui se développe. Il ne faut pas hésiter à faire appel aux structures existantes, aux auxiliaires de vie… Après, chacun fait comme il peut et effectivement, parfois, les aidants ne le souhaitent pas. Ou du moins pas au début, puis peuvent aussi changer d’avis. C’est l’une de mes missions, de rester vigilante à cela. Ce n’est pas parce qu’on a refusé une fois que l’on refusera toujours.

En chiffres
. En France, 8,4 millions de personnes aident de façon régulière un proche.
. 57% sont des femmes, 79% sont membres de la famille et 47% exercent une activité professionnelle.
. La maladie de la personne aidée a un retentissement sur leur propre santé morale et/ou physique, dans 74% des cas.
. L’accompagnement de la personne malade entraîne des difficultés dans la relation avec les amis dans 72% des cas et dans la vie familiale dans 70% des cas.
Sources : Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux).
Claire Baudiffier
© Ouest France

Aidants : "Vous aidez un proche au quotidien : les dispositifs à connaître"

La Maison des aidants de Nantes fait partie des sept plateformes de répit de la région – Ville de Nantes (Régis Routier)

Des congés aux aides financières en passant par les Maisons des aidants, diverses structures et dispositifs sont mis en place pour accompagner les aidants. Tour d’horizon non exhaustif en Pays de la Loire.

Les congés
« On peut noter le congé « proche aidant », d’une période de trois mois à un an maximum, pour les salariés du privé, explique Virginie Portais, conseillère sociale de la Maison des aidants à Nantes. Le souci, c’est qu’il est sans solde, donc peu d’aidants font cette démarche. »

Le congé de solidarité familiale, pour tous les salariés, permet quant à lui de prendre un congé de trois mois (renouvelable, en continu ou non) pour assister un proche en fin de vie. Il est alors possible de bénéficier d’une allocation journalière.

Les aidants d’un enfant malade peuvent quant à eux demander un congé de présence parentale. Il est attribué pour une période maximale de 310 jours ouvrés, dans la limite de trois ans. Pas de rémunération mais possibilité de percevoir l’allocation journalière de présence parentale (AJPP).

Les plateformes de répit
Il y a en France 140 plateformes d’accompagnement et de répit. En Pays de la Loire, on en compte sept. Deux en Loire-Atlantique dont la Maison des aidants de Nantes et l’association Al’Fa Répit à Drefféac ; quatre en Maine-et-Loire (CCAS d’Angers, association Relais & Présence à Cholet, l’EHPAD Les Moncellières au Fresne-sur-Loire et l’association Anne de Melun à Baugé-en-Anjou) ; une en Sarthe, l’EHPAD La Reposance au Mans.  » Un appel à projets a été lancé pour des plateformes en Vendée et Mayenne, mais ici, à Nantes, nous accueillons tous les aidants quel que soit leur lieu d’habitation », poursuit Virginie Portais.

Leur but est d’informer les aidants sur les divers dispositifs qu’ils peuvent solliciter (aides financières, à domicile…), de leur apporter des connaissances et une compréhension de la maladie du proche, de les accompagner dans leurs recherches d’EHPAD, leur proposer un temps d’écoute, des activités en groupes (chant, naturopathie, gestion du stress dans le cas de Nantes…).

Les aides financières
« Il n’y a pas à proprement parler d’aides pour l’aidant, mais plutôt pour le proche », souligne Virginie Portais. Les aidants peuvent, pour leur proche malade de plus de 60 ans en perte d’autonomie, demander l’APA (allocation personnalisée d’autonomie). Cette dernière permet notamment de financer les dépenses pour rester vivre chez soi (aides à domicile…). Les caisses de retraite mettent aussi des offres en place, il faut se rapprocher d’elles. Pour les malades de moins de 60 ans, il faut faire une demande auprès de votre Maison départementale des personnes handicapées pour obtenir une Prestation de compensation du handicap. « Dans tous les cas, nous sommes là pour conseiller et aider les proches dans les démarches à effectuer. »

« À Nantes, une aide particulière est proposée depuis peu pour que les aidants puissent prendre du temps pour eux, aller à la piscine, voir un ami ou tout simplement dormir », détaille la conseillère sociale de la Maison des aidants. Le dispositif s’adresse aux personnes aidant un proche de plus de 55 ans. Ces dernières peuvent choisir une association d’aide à domicile parmi quatre partenaires. « Jusqu’à 120 heures au total par an, la ville apporte son soutien en fonction des revenus, entre 1,64 et 16,40€ de l’heure. Pour le moment, il n’y a eu que 60 bénéficiaires, c’est peu, nous aimerions toucher un public plus large, mais ce n’est pas facile car les aidants peuvent avoir tendance à culpabiliser. Or, il est vraiment primordial qu’ils prennent du temps pour eux. » Pour cette raison, la Ville propose une offre « découverte », dans laquelle les cinq premières heures d’aide sont gratuites pour les plus faibles revenus (et 5€ pour les autres tranches). Claire BAUDIFFIER

Claire Baudiffier
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Santé environnementale : "Mûrs-Érigné. Aux P’tits loups, des astuces pour la santé des petits"

Au multi-accueil de Mûrs-Erigné, Gaël Guillet reçoit des enfants de 2 mois et demi à 4 ans, et il n’a qu’une idée en tête : réduire son impact sur l’environnement et sur la santé des tout-petits.

Exit les produits toxiques ! Depuis son arrivée au multi-accueil de Mûrs-Erigné, Gaël Guillet, son responsable, a trouvé des astuces pour réduire son impact sur l’environnement et préserver la santé des plus petits. Et bonne nouvelle : il n’y a pas eu plus d’épidémie !

L’initiative
Des portemanteaux en enfilade, des croquis qui annoncent la bienvenue aux Patapons ou aux Pirouettes cacahuètes, des cris, des rires et parfois des pleurs… Pas de doute, nous sommes bien au multi-accueil de Mûrs-Erigné. Chez les P’tits loups, du nom de cette structure ouverte en 1988 et installée, depuis 2003, dans la Maison de l’enfance.

Mais accrochées au mur, il y a autre chose : des petites pastilles vertes, qui valent à Gaël Guillet, le responsable de la structure, le surnom de « roi de la vignette ». « Elles sensibilisent enfants et adultes au gaspillage », présente-t-il. Arrivé en juin 2016, après un passage par les Chats perchés de Belle-Beille, à Angers, il a fait de la santé environnementale et de l’écocitoyenneté, une de ses priorités à Mûrs-Erigné. Ici, le seul produit chimique qui lui a résisté, c’est un désinfectant, nécessaire au nettoyage des plans de travail, côté cuisine, et imposé par les services sanitaires.

Vapeur et eau chaude pour le sol
Dans les toilettes et salles de changes, le vinaigre blanc a remplacé les produits toxiques. « On essaie d’avoir un espace de vie où le rejet de polluant est contrôlé ou limité », présente Gaël Guillet, qui collabore aujourd’hui avec un pharmacien pour ajouter une huile essentielle au vinaigre, afin d’en apaiser l’odeur. « On tente de trouver des astuces pour avoir un lieu de vie qui soit le plus sain possible », poursuit Raphaële Rivet, responsable du multi-accueil de Gennes et membre du groupe « santé environnementale » à la Mutualité française Anjou-Mayenne (MFAM).

Le sol est ainsi nettoyé à la vapeur deux à trois fois par semaine, suffisant pour détruire les bactéries, et simplement passé à l’eau chaude le reste du temps. Les savons utilisés sont éco-certifiés, comme les couches. Le responsable du multi-accueil a laissé tomber une grande marque américaine, pour un fabricant breton. « Pour blanchir les couches, il n’utilise pas de chlore mais de l’eau oxygénée », assure-t-il. Et la démarche plaît.

« On réfléchit à ce qu’on achète »
Une enquête menée auprès des familles à la rentrée 2016 avait démontré leur attachement à l’emploi de produits écologiques et à la réduction des déchets alimentaires. Ici, les repas sont livrés en liaison froide, et Gaël Guillet s’est engagé à proposer au moins un produit bio par repas. Pour réchauffer les plats, les boîtes en inox ont été préférées aux barquettes plastiques et la vaisselle en matériaux durables (verre par exemple) est privilégiée. En un an d’exercice, le responsable a réalisé près de 30 % d’économie sur les produits jetables, lui permettant ainsi de réinvestir dans des produits longue durée. Cette année, il espère pérenniser ce qui a été mis en place et sensibiliser collectivement. Lorsqu’à la rentrée, des membres de son équipe lui ont réclamé des abaques en plastique, le responsable a cherché un équivalent en bois. « On réfléchit désormais à ce qu’on achète », insiste-t-il.

En février prochain, des ateliers Nesting, organisés par la MFAM se tiendront aux P’tits Loups. Objectifs ? Attirer l’attention des professionnels de la petite enfance mais aussi des parents, et déclencher des automatismes. « Ouvrir les fenêtres pour aérer, c’est une chose simple, mais essentielle », insiste Raphaële Rivet. En attendant, chez les Pirouettes cacahuètes, les vignettes collées par Gaël font leur petit effet. Ici, on ne tire la chasse d’eau qu’une fois, on ne laisse pas couler le robinet, et on en parle à la maison !

Emilie Weynants
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Santé environnementale : "Des ateliers pour une maison saine avant l’arrivée du bébé"

En juin, à la clinique Jules Verne, une dizaine de jeunes parents ont participé à l’atelier « nesting »

Quelles peintures choisir pour la chambre ? Quels produits utiliser ? Lors des ateliers « nesting », organisés un peu partout, les futurs parents apprennent à créer un environnement sain pour leur futur enfant.

Reportage
Nantes, clinique Jules Verne, bâtiment Maison de la naissance, 1er étage. Dans une petite pièce, sur une table, sont installés tout un tas d’objets du quotidien. Petits pots, lessives, gel douche, couches, produits cosmétiques et même un babyphone. Nous ne sommes pas dans une épicerie pour parents mais dans un atelier Nesting, qui accueille ce jour-là onze futures mamans et un papa ! « Nesting, c’est faire son nid en anglais. C’est un projet de WECF (Women in Europe for a Common Future), une association qui a pour objectif de promouvoir la santé des nouveaux-nés et des enfants en aidant leurs parents à créer un environnement intérieur sain », lance Gaëlle Violet, animatrice et chargée de prévention au sein de la Mutualité française des Pays de la Loire. « Le but ? Repérer à l’intérieur de la maison les différentes sources de pollution et voir quelles alternatives on peut mettre en place », détaille l’animatrice.

Rapide tour de table, les participants indiquent être là par curiosité ou parce qu’ils sont déjà sensibilisés à ces questions mais aimeraient en savoir plus. « Pour mon premier, j’ai utilisé beaucoup de produits bios, mais je ne sais pas si c’est vraiment bien », commence Suzana. « À la maison, nous sommes engagés dans une démarche zéro déchet, je fais beaucoup de produits moi-même et ai des questions sur les emballages », poursuit Emmanuelle. Sonia, qui s’apprête à mettre au monde son quatrième enfant, a entendu parler d’un mauvais produit pour le lave-vaisselle, qu’elle utilisait pourtant.

Créer des courants d’air
« D’abord, sachez que mon but n’est pas de vous dire de faire ci ou ça, d’arrêter tel ou tel produit, il faut aussi que vous vous fassiez confiance », répond Gaëlle Violet. L’atelier se poursuit par un passage en revue des différentes pièces du logement, avec cette question : « Est-elle polluée ? Si oui, par quoi ? » Les participants indiquent que le salon est l’une des pièces les moins polluées. « Tout à fait, abonde l’animatrice, insistant sur l’importance de l’aération. Une fois le matin, une le soir en créant des courants d’air, c’est la chose à retenir ! On dit que l’air intérieur est cinq fois plus pollué que l’extérieur. »

La conversation s’oriente ensuite sur les peintures, puisqu’avant l’arrivée de bébé, l’heure est en général à la préparation de la chambre. « Vous en êtes à plus de cinq mois et n’avez pas fait la chambre, alors attendez ! », sourit Gaëlle Violet, expliquant que les peintures contiennent de nombreux composés organiques volatiles (COV) mauvais pour la santé. « Et la peinture bio ? », s’enquiert Karine. « C’est mieux en effet, et pas forcément plus cher, notamment pour le blanc. Si elle n’est pas bio, privilégiez au maximum la classe A + en termes d’émissions dans l’air intérieur. »

Claire Baudiffier
© Ouest France

Santé environnementale : "Angers. Au CHU, un conseiller médical en environnement intérieur"

Aurélien Riodel s’intéresse aux espaces dans lesquels nous gravitons : transport, commerce, bureau, logement… « Bref, tout ce qui n’est pas dehors ! »

A Angers, Aurélien Riodel est conseiller médical en environnement intérieur. Il traque les polluants et allergènes dans les espaces confinés. Au quotidien, des réflexes simples peuvent éviter des pathologies lourdes. Il livre quelques conseils.

Aurélien Riodel est CMEI, conseiller médical en environnement intérieur. Un métier nouveau, créé dans la foulée de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur.

Rattaché au centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers, il est chargé de caractériser les polluants et allergènes et de les prévenir « pour ne pas exacerber les manifestations allergiques ». Il intervient à domicile, sur prescription médicale ou sur sollicitation directe des patients  (il suffit de télécharger le formulaire disponible sur le site de l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire ou du CHU d’Angers, et de l’envoyer au conseiller médical). « Ce sont généralement des spécialistes, allergologue, pneumologue, pédiatre, qui nous demandent d’intervenir chez des personnes qui ont des pathologies allergiques connues », souligne le conseiller. L’intervention est gratuite et prise en charge par un conventionnement entre l’Agence régionale de santé (ARS) et le CHU.

Sa bête noire : les moisissures
Pour une pathologie dite « non lourde », il faut compter de deux à trois mois d’attente entre la demande et le déplacement. Sur le terrain, le conseiller recense les symptômes des patients et multiplie les relevés, ciblés en fonction de la demande : température, confinement (mesure du dioxyde de carbone), ventilation, humidité…

Dans les cas les plus lourds, il s’arme de son compteur de particules. C’est avec ce genre d’appareil qu’il devrait se rendre chez ce petit patient de 9 ans, asthmatique et qui multiplie les rhinites et conjonctivites. « C’est un médecin généraliste qui m’envoie. L’enfant a des allergies connues, alimentaires par exemple. Mais celles-ci ne m’intéressent pas, car elles sont complètement indépendantes de l’air intérieur », précise Aurélien Riodel. Là, il devrait vérifier les aérations, et les traces d’humidité. « S’il n’y a pas de développement en surface, cela veut dire qu’il n’y a pas de problématique de santé », défend-il.

Sa bête noire, ce sont les moisissures. Naturellement présentes dans l’air extérieur, elles peuvent être le résultat de végétaux en décomposition, fruits ou légumes par exemple. « Ce qu’il faut éviter, c’est la dissémination des spores qui colonisent l’espace, explique l’expert. Humidité, forte température et obscurité, sont les terrains favoris de ces polluants, facteurs d’aggravation de l’asthme.

Quelques conseils simples
Acariens, blattes ou cafards, pollens, etc. sont aussi dans le viseur d’Aurélien Riodel. Il scrute également de près les animaux domestiques et les plantes d’intérieur. Et s’informe : y a-t-il des fumeurs au domicile ? Une chose est sûre : il ne faut pas attendre sa venue pour prendre les devants car il est possible de réduire l’exposition quotidienne aux polluants et allergènes domestiques en adoptant quelques gestes simples, comme « ouvrir les fenêtres 15 minutes deux fois par jour, idéalement le matin et le soir en favorisant les courants d’air », ou « laver régulièrement les entrées d’air et les aérations et vérifier qu’elles ne soient pas bouchées ».

Sur le terrain, le CMEI se permet aussi des petits rappels ménagers, comme « passer l’aspirateur deux fois par semaine et changer régulièrement le sac, utiliser de préférence des filtres à haute efficacité pour les particules aériennes (HEPA) et éviter le balayage à sec ». Sur ce volet, le conseiller recommande d’ailleurs de privilégier des produits naturels, type savon noir, bicarbonate de soude, vinaigre blanc, javel et eau froide.

« À défaut, choisissez des produits portants l’Écolabel européen », insiste-t-il. 
Côté lessive, Aurélien Riodel recommande de laver régulièrement les textiles en machine à 60 °C et de « secouer en plein air les éléments non lavables, de préférence au soleil, car les ultras violets empêchent la prolifération des acariens ».

Autre démonstration et autres conseils : ceux de Romain Habeau, également CMEI, à Nantes, dans la vidéo ci-dessous (vidéo Santé pratiques sur la qualité de l’air intérieur).

Emilie Weynants
© Ouest France

Maintien de l'autonomie : "Autonomie des seniors. Du sport pour maintenir son équilibre"

Pieds, jambes, bassins, toutes les parties du corps ou presque sont mises à contribution lors des « séances équilibre ».

À Nantes, mais pas seulement, des séances sportives spécifiques à destination des personnes âgées sont organisées. L’idée ? Prévenir les chutes et reprendre conscience de son corps.

« On s’assied sur le bout de la chaise, on baisse les épaules, on respire, on relâche les trapèzes […]. Debout, mains sur le bassin, on regarde vers le haut, puis vers le bas, doucement, pour garder l’équilibre. » Un après-midi, dans l’une des salles de la Manufacture, à Nantes.

Christine Catenne, éducatrice sportive, spécialiste des seniors au sein de la Fédération française Sports pour tous, est entourée d’une petite quinzaine de participants, de 66 à 86 ans. Ils se donnent rendez-vous toutes les semaines pour des « séances équilibre ».

« On a peur de chuter »
« C’est la suite du programme PIED (Programme intégré d’équilibre dynamique, N.D.L.R.), qui vise à améliorer l’équilibre des seniors en reprenant conscience de son corps et en se musclant. Les ‘séances équilibres’ sont proposées pour poursuivre ce travail-là, et notamment éviter les chutes », détaille l’éducatrice.

Au-delà de 65 ans, une personne sur trois fait au moins une chute au cours de l’année. Le but de ces séances est donc de redonner confiance aux seniors qui ont pour la plupart très peur de tomber. « C’est un cercle vicieux, on a peur de chuter, on sort moins, les muscles diminuent, on fait aussi moins travailler l’oreille interne et donc on a plus de probabilités de chuter. » Ce jour-là, les participants commencent par quelques exercices de relaxation. Le but : se recentrer, faire une seule chose à la fois et rester calme, ce qui permet d’éviter de nombreuses chutes.

Balles sous les pieds
Une partie de l’atelier est consacrée aux pieds. Pierre, Nicole, Huguette et les autres font rouler une petite balle sous leurs pieds puis essayent de l’agripper. « Selon la médecine chinoise, vos petits orteils sont reliés à la nuque. Si vous n’arrivez pas à les ouvrir sur la balle, c’est que vous devez avoir un problème à la nuque », détaille Christine Catenne. Ainsi, pieds et chevilles sont primordiaux dans l’équilibre. « Si on ne les fait pas travailler, on peut perdre les sensations et ainsi plus facilement tomber. Plus nos chevilles seront souples, moins on se fera mal en tombant », poursuit l’éducatrice.

Et quand la chute arrive malgré tout, il faut savoir se relever, en actionnant bras et jambes en même temps pour que le corps se retourne tout seul. « C’est inné de faire ça, regardez les bébés! » « Ça m’est d’ailleurs arrivé la semaine dernière, lance Nicole, l’une des sportives du jour. Grâce à cette technique, je me suis relevée seule. » Pierre, le doyen du groupe, renchérit : « Je refais les exercices que l’on apprend ici tous les jours, ça m’aide beaucoup dans mon équilibre. » Danielle conclut, dans un sourire : « Christine nous apprend à bien vieillir. C’est une chance. »

Claire Baudiffier
© Ouest France

Maintien de l'autonomie : "Angers. Au Square des âges, ils restent acteurs de leur vie"

Les mardis et jeudis, une poignée de locataires se retrouvent au rez-de-chaussée pour une séance de gym.

Une quarantaine de locataires ont choisi cet habitat intermédiaire dans le quartier de Belle-Beille à Angers. Chacun dispose d’un appartement et d’espaces communs en libre accès. L’idée: maintenir leur autonomie, tout en répondant à leurs besoins.

Ne parlez pas ici de résidence séniors ou services. Le Square des âges, implanté rue de la Côte-de-Belle-Vue à Angers est un habitat intermédiaire, comme on dit dans le jargon. Comprenez : un immeuble collectif, dans lequel les locataires (plutôt que résidents) louent des appartements, du T1 bis au T3, comme n’importe où ailleurs.

La différence, c’est que le site se veut convivial et sécurisant. Au rez-de-chaussée, une salle commune permet aux locataires de se retrouver, d’échanger. Ce lundi de juillet, Gabrielle, 86 ans, Marie-Louise, 79 ans et Huguette, 84 ans refont le monde. Chaque après-midi, elles s’installent ici, après le déjeuner et jusqu’à 17h environ. Les mardis et jeudis, les deux premières se laissent aller à des séances de « gym prévention santé », collectives ou individuelles, proposées par l’association Ciel Bleu qui s’installe dans la salle dédiée.

Cette dernière sert aussi aux répétitions de la chorale, qui attire sept à huit locataires. Ici rien n’est obligatoire. « Les personnes âgées sont à domicile, mais peuvent profiter d’espaces et d’activités en commun. Si besoin, une professionnelle est aussi présente du lundi au vendredi », détaille André Boutet, coordinateur des Squares des âges en Anjou et en Mayenne. Sur place, Anne Flatres est chargée de répondre aux problématiques des locataires. Sans jamais faire « à la place de ». « Si l’un d’entre eux a des difficultés à se faire à manger, nous pouvons l’orienter vers un service de portage de repas à domicile », illustre-t-elle, en exemple. « L’idée est qu’ils restent acteurs de leurs vies », complète Nadine Martineau, directrice hébergement du pôle santé autonomie de la Mutualité.

Éléments déclencheurs
Gabrielle a mis près d’un an à se décider à rejoindre le Square des âges, dès son ouverture, en 2012. C’est pour se rapprocher de sa fille qu’elle a franchi le pas. Ici, elle dispose d’un logement adapté et adaptable, aux nouvelles technologies notamment (chemin lumineux, volets roulants…). « Il y a plusieurs éléments déclencheurs : le décès ou la maladie du conjoint, la volonté de se rapprocher de ses enfants, l’envie de retrouver du lien social, l’incapacité d’entretenir une grande maison… », énumère Nadine Martineau. François et Thérèse se sont installés en couple.

Ce lundi, ils jouent aux cartes, accompagnés de Marie-Louise et Bernadette. Si aujourd’hui leur santé les en empêche, jusqu’à l’été dernier, pas un jour ne se passait sans que ces deux dernières prennent l’air : un tour au supermarché en navette ou en bus, une promenade à proximité…

Les étudiants s’invitent
Deux habitats intermédiaires sont implantés dans le Maine-et-Loire : à Angers et Avrillé, un en Mayenne, à Château-Gontier. Au total 34 structures ont été ouvertes depuis une vingtaine d’années dans les Pays de la Loire. Toujours au cœur des villes. « Les locataires ne doivent plus avoir à prendre leur voiture, tout doit être accessible à pied », défend Nadine Martineau. Dans ces structures, l’âge moyen des séniors s’établit autour de 84-85 ans. « La population vieillit plus longtemps en bonne santé », a observé la directrice hébergement. Si des animations sont proposées avec les autres établissements de la Mutualité, des rencontres intergénérationnelles sont aussi provoquées.

À Belle Vue, une dizaine de logements sont mis à la disposition d’étudiants. Leur condition pour y accéder : proposer une activité mensuelle aux locataires séniors. Pour cette année, des ateliers jeux de société, vernis à ongle ou yoga ont été soumis et validés par la direction. Les personnes âgées doivent aussi passer en commission pour décrocher un logement au Square des âges. « Elles doivent être suffisamment autonomes pour présenter un dossier », prévient Nadine Martineau. Un logement temporaire a d’ailleurs été mis sur pied « pour celles qui voudraient découvrir la structure », conclut André Boutet. Car c’est une décision qui ne se prend pas à la légère.

Emilie Weynants
© Ouest France

Maintien de l'autonomie : "Angers. Une "technicothèque" pour se préparer à bien vieillir"

Le maintien à domicile est aujourd’hui une priorité. Depuis sa création, près de 300 personnes sollicitent chaque année la technicothèque, dans le Maine-et-Loire. ©Peter Maszlen

La plateforme, imaginée par le Département, propose équipements et technologies aux séniors et personnes handicapées. Objectif : soutenir l’autonomie et le maintien à domicile.

La technicothèque, c’est quoi ?
« C’est une plateforme départementale d’accessibilité pour l’autonomie et les actes de la vie quotidienne », définit Marie-Pierre Martin, vice-présidente du conseil départemental, déléguée aux solidarités. Elle doit favoriser le maintien à domicile. Le service, car c’en est un, est né en 2015, sous l’impulsion du Centich (Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie). Avec un objectif : regrouper toutes les informations et les aides destinées aux citoyens en perte d’autonomie. « Notre objectif est d’améliorer l’aide technique après une hospitalisation, ou le maintien à domicile, grâce à des dispositifs innovants », poursuit l’élu.

Comment ça marche ?
La Maison de l’autonomie (MDA) est la porte d’entrée de toutes les démarches. C’est le lieu unique qui reçoit les personnes et répond à leurs questions. « La MDA a une mission d’accueil, d’évaluation et d’orientation », résume Marie-Pierre Martin.

Les personnes intéressées doivent déposer un dossier au sein de la MDA. Puis un ergothérapeute vient évaluer les besoins du demandeur, à domicile. Puis des préconisations sont formulées, des aides conseillées. « Il faut compter moins de deux mois entre l’évaluation à domicile et la mise en place », soutient Marie Voisin, ergothérapeute au Centich. Côté financement, le bénéficiaire peut solliciter l’allocation personnalisée d’autonomie (l’APA), également mobilisable pour les aides humaines.

« Le but étant que le reste à charge ne soit jamais un frein à l’équipement », soutient Marie-Pierre Martin. Le dispositif installé, l’ergothérapeute conseille le bénéficiaire sur la prise en main et l’aide à s’adapter à son nouvel environnement en s’assurant que les techniques préconisées répondent bien aux situations identifiées.

A quels outils peut-on avoir accès ?
La technicothèque a profité de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement entrée en vigueur au 1er janvier 2016. Les personnes âgées ou porteurs d’un handicap peuvent solliciter des aides diverses : sur-élévateurs de télévision, barre d’appui, fauteuil roulant, télé-agrandisseur… « Nous proposons tout type de matériel qui vient compenser ou prévenir une déficience, un handicap, une perte d’autonomie », souligne Marie Voisin. Dernièrement un tire-bouchon électronique a ainsi été délivré à une personne hémiplégique. « Il s’agit ici d’aides individuelles mais réutilisables. On exclut tout appareil auditif par exemple », complète Marie-Pierre Martin.

Depuis sa création, près de 300 personnes sollicitent chaque année la technicothèque, dans le Maine-et-Loire. Un dispositif cité en exemple et qui inspire d’autres départements.

Zoom sur le Centich
Le Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie (Centich) est un service de soins et d’accompagnement mutualiste géré par la Mutualité française Anjou-Mayenne. La structure travaille autour de trois axes : l’expertise et l’évaluation ; la recherche et le développement, et les projets d’intérêts généraux. Avec un seul objectif : encourager la maintien et le vieillissement à domicile. « Nous essayons de réfléchir à ces technologies en mettant en relation nos compétences avec celles des industriels, des collectivités, en sollicitant les bénéficiaires… Nous avons un rôle d’interface », présente Marie Voisin, ergothérapeute du Centich.

A l’initiative de la technicothèque et de l’appartement Léna, un « espace accessible et évolutif quelque soit le niveau d’autonomie, appelé à devenir un véritable living-lab pour intégrer, tester et évaluer des technologies », le Centich est également acteur de projet tels Slash +, une sorte de GPS d’intérieur permettant de localiser des biens ou des personnes ou d’Asstimoove, un projet dédié aux personnes sujettes aux déambulations nocturnes.

Le Centich est un acteur incontournable du pôle Silver angevin. En 2019, un espace Silver devrait d’ailleurs rassembler toutes les compétences du « bien veillir à domicile ».

Emilie Weynants
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Activité physique : "Santé. Faire du sport en entreprise, ça change la vie !"

Au CREPS, les salariées volontaires se retrouvent chaque jeudi midi pour une séance d’activité physique. Sa particularité ? La discipline proposée change, toutes les semaines.

Depuis septembre, des salariés du CREPS des Pays de la Loire se retrouvent chaque semaine pour une heure d’activité physique. Si l’initiative permet de se maintenir en forme, elle participe aussi à resserrer les liens.

Trois questions à…

Gérard Baudry, directeur du CREPS Pays de la Loire, à Nantes

Proposer des séances de sport aux salariés d’un CREPS, cela semble presque normal, non ?
Dans un centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS), où nous formons au sport santé, c’est cohérent de proposer des activités physiques à nos salariés, d’autant plus que des besoins et des demandes avaient été identifiés.

Des séances de yoga avaient déjà été proposées au sein de notre structure, mais elles ne l’étaient pas dans une perspective de sport santé. Depuis la rentrée, nous avons cherché à nous adresser autant aux formateurs, qu’aux employés administratifs, plus sédentaires, qu’au personnel d’entretien, de maintenance… Ce n’est pas parce qu’on a une activité physique dans le travail, que l’on bouge efficacement. Nous devons aussi prévenir les mauvais gestes, les troubles musculosquelettiques…

Concrètement, que proposez-vous ?
C’est une éducatrice sportive, diplômée du CREPS et salariée du comité départemental EPGV qui encadre les activités. Chaque semaine, le jeudi midi, une séance d’une heure est ouverte aux volontaires. Depuis la rentrée, marche (active et nordique) et gym d’entretien ont été organisées. Nous avons démarré par des choses simples, ne nécessitant aucune installation particulière. Nous marchons dans un parc voisin, et la gym s’est déroulée dans une salle de cours équipée de tapis de sol !

C’est une volonté de notre part de varier les disciplines selon la saison, la météo, les motivations. Pour le moment, une quinzaine de salariés ont participé, plutôt des femmes, mais cela est représentatif de nos effectifs, et plutôt des personnes qui ne pratiquent pas de sport ou d’activités physiques, en club.

Nous avons également mis à disposition des salariés volontaires des podomètres. Au-delà de faire le point sur les distances parcourues – l’Organisation mondiale de la santé recommande de faire 10 000 pas par jour – cela entraîne parfois des questions relatives à d’autres problématiques, comme la nutrition. Nous nous sommes également rendus compte que certains professionnels explosaient les compteurs, mais tous les pas ne sont pas bons… C’est enfin l’occasion de comparer journée et soirée, semaine et week-end… Quinze podomètres ont été distribués, sachant que nous comptons une quarantaine de salariés.

Les bénéfices sont-ils uniquement physiques ?
De telles dispositions ont des répercussions qui vont au delà de la santé. Elles encouragent les relations interservices et la convivialité. Cela a été un vrai défi de trouver un moment commun à des personnels aux emplois du temps très variés. Cela permet par exemple à une femme de ménage et une assistante de formation de prolonger la séance commune par un déjeuner partagé.

Notre entreprise offre deux tiers du temps de séance, soit 40 minutes, et 20 minutes sont prises par l’agent. Depuis le début, nous avons le souci de ne pas rallonger les journées.

Aujourd’hui, nous travaillons sur l’ouverture à d’autres sports. Au badminton par exemple. Si nous disposons de douches, nous n’avons pas de salle pour accueillir ce type d’activité sportive, nous échangeons actuellement avec les collectivités pour trouver une solution. Une chose est sûre : nos débuts sont prometteurs.

Emilie Weynants
© Ouest France

Activité physique : "Un médecin du sport : la sédentarité réduit l'espérance de vie"

Intégrer des moments d’activité, dans la semaine comme le week-end, permet de lutter contre les effets de la sédentarité (archives Ouest France)

Spécialiste des maladies cardio-vasculaires et médecin du sport au CHU d’Angers, le Professeur Pierre Abraham rappelle les effets délétères de la sédentarité. Si elle ne tue pas, « elle appuie sur la pédale d’accélérateur ».

Entretien

Qu’est-ce qu’un comportement sédentaire ?
Il y a plusieurs façons de voir les choses. La sédentarité, c’est l’absence d’activités physiques, et pas seulement sportives, au quotidien. On peut la quantifier de différentes manières : en recensant le nombre d’heures passées devant un écran, en l’évaluant à l’aide d’un questionnaire ou via des outils de mesure tel un podomètre, par exemple.

Quelles différences faites-vous entre activités physiques et sport ?
La notion même de sport a évolué dans l’histoire. Une édition du Littré du siècle dernier le définissait comme : « Ce qui a trait aux courses et aux chasses. Puis, le sport s’est démocratisé. La définition qu’on en fait aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’hier. Au XXIe siècle, il renvoie aux activités physiques encadrées et pratiquées dans un but de performance. Mais, comme pour l’activité physique, il n’y a pas d’effet seuil.

Idéalement, que faudrait-il faire ?
Pour lutter contre la sédentarité, il est conseillé, au quotidien, de trouver un temps pour aller marcher, s’entraîner, trotter… Il y a une dimension culturelle dans tout cela : il faut faire rentrer dans son quotidien l’idée même qu’il faut se bouger, dans une société où l’on est sollicité à ne rien faire. Les progrès portent leurs propres limites. Tout est question d’équilibre.

Dans une interview au Monde, le Professeur François Carré déclarait justement : « La sédentarité croissante est liée à la mauvaise utilisation que l’on fait du progrès ». Qu’en pensez-vous ?

Il a raison, c’est une bonne définition. Le progrès est là pour aider, mais cette aide ne doit pas se substituer à l’activité physique journalière. Notre quotidien est aujourd’hui facilité, et heureusement, mais l’excès n’est pas bon. L’homme moderne est bien plus sédentaire qu’il n’a pu l’être, et c’est en cela que je trouve cette définition très belle. Les outils facilitateurs ont parfois pris le pas sur une activité physique minimale.

Quels sont les effets de la sédentarité ?
Ils se traduisent sur tout le corps : le système osseux, le système cardio-vasculaire… En fait, le corps n’est pas fait pour rester immobile. Le mouvement, c’est la vie. En tant qu’Homme, nous devons bouger et utiliser les substrats énergétiques (lipides, glucides et protéines) que nous avons dans notre organisme. Si nous ne bougeons pas, nous nous usons, nous grippons, nous encrassons… Telle une voiture qu’on laisserait au garage.

Peut-on mourir de sédentarité ?
Non, mais elle appuie sur la pédale d’accélérateur. Elle réduit l’espérance de vie. Ne rien faire, c’est la meilleure façon de ne pas se faire écraser, mais aussi de faire rouiller la machine.

L’activité physique est également un révélateur de maladie. L’organisme fonctionne comme une voiture : à 50 km/h, il ne broute pas… Mais à 130 km/h, les choses peuvent être différentes. Elle peut signaler précocement les petits dysfonctionnements qui peuvent se faire jour avec l’âge, et éviter qu’ils ne s’aggravent.

Quels conseils donnez-vous aux personnes qui ont un travail sédentaire ?
Il faut intégrer des moments d’activité. Dans les temps de transport par exemple, même si les centres urbains ne facilitent pas tellement cela… Aujourd’hui, il y a une vraie réflexion autour de l’urbanisme : comment peut-il favoriser l’activité physique, comment l’intégrer dans notre quotidien ? La problématique dépasse le cadre médical. Les acteurs politiques ont pris conscience de son importance même si les moyens pour y arriver sont encore dérisoires. Les sociologues se sont également emparés du sujet…

Un complément d’information, sur le même sujet, en vidéo :

Emilie Weynants
© Ouest France

Activité physique : "A Angers, ces Pink Ladies ont une force de vivre à toute épreuve"

Après s’être engagée sur la Vogalonga de Venise en 2016, les Pink Ladies angevines ont mis le cap sur la Croatie en juin dernier.

C’est prouvé scientifiquement : pour lutter contre le cancer, rien de tel que de pratiquer une activité physique. Au club de canoë d’Angers, une poignée de femmes ont repris forces et confiance. Certaines ont vaincu la maladie, mais n’ont pas quitté la section.

Depuis 2014, Katia est une Pink Lady. Christine, depuis 2015. À l’époque, ces deux battantes sont en pleine chimiothérapie pour soigner un cancer du sein. Pourtant, c’est le moment qu’elles choisissent pour rejoindre une section du club de canoë-kayak d’Angers, le CKCA.

« Les Pink ladies, c’est un mouvement international qui regroupe des femmes atteintes (ou qui ont été atteintes) d’un cancer féminin, principalement du sein », présente Katia. À bord d’un Dragon boat, elles naviguent en équipage, histoire de développer une bonne énergie physique, psychique et d’éliminer les toxines. « Il est scientifiquement prouvé que la pratique régulière d’une activité physique a un impact sur les maladies chroniques, comme le cancer », défend Loïc Faivre, enseignant en activités physiques adaptées.

C’est lui qui a eu l’idée d’ouvrir la section et qui encourage les patient(e)s rencontré(e)s à l’Institut de cancérologie de l’Ouest, l’ICO Paul-Papin, à la rejoindre. « Pendant le traitement, la pratique d’une activité permet de lutter contre les effets secondaires, comme la fatigue ou le déconditionnement physique. Après, elle diminue les risques de récidive, de près de 50% », détaille l’enseignant. Deux à trois séances d’exercices, type marche ou course à pied, sont aussi conseillées au stade primaire, avant la maladie. « Ce n’est jamais trop tard pour commencer, mais on remarque que plus les gens s’engagent tôt, plus ils continuent longtemps. »

« Merci à la maladie »
Les Pink ladies angevines, âgées de 38 à 70 ans, se retrouvent deux heures par semaine, le jeudi soir ou le samedi matin. Si Christine, fonctionnaire de police, maniait déjà la pagaie avant la maladie, pour Katia, assistante de ressources humaines, un « poste plus sédentaire », le canoë a été une vraie découverte. « Par le sport, je me suis sentie vivre », témoigne la première, souriante, touchante. « La maladie isole. Intégrer ce type d’association reconstruit psychologiquement. »

À bord du canoë, les femmes ironisent avec humour sur le cancer. Lorsqu’elles en parlent, ce qui est plutôt rare. Elles s’épaulent aussi, se rassurent. « On est devenues amies », raconte Katia. « Je dirais même merci à la maladie. Je suis aujourd’hui beaucoup plus sereine, je profite à 300% de ma seconde vie. » À l’ICO Paul-Papin, le sport est présenté comme un soin de support, qui ne doit en aucun cas se substituer aux soins médicaux. Au quotidien, Loïc Faivre s’adapte aux patients rencontrés en leur proposant trois types d’activités physiques : du footing, de la marche classique ou nordique, et du renforcement musculaire.

« Se défouler »
Cent quarante personnes se portent volontaires chaque année. Surtout des femmes. Quelques-unes, conscientes que leur corps est en train de faiblir, ont fait le parallèle avec des associations locales, le kayak, mais aussi l’escrime ou la boxe. Le SCO escrime et le Battling Club accueillent ainsi des patientes « qui veulent se défouler ». Depuis la rentrée, une activité de danse afro-brésilienne est aussi proposée. Rien n’est choisi au hasard. « La danse aide à reprendre confiance en soi, en son corps, et à coordonner et synchroniser les mouvements, comme le canoë », souligne Loïc Faivre.

Aujourd’hui pour Katia et Christine, la pratique est devenue plus technique. Et comme cette dernière, certaines Pink Ladies sont mêmes attirées par la compétition. Même guéries, pas question de quitter le navire : le canoë, c’est leur bouffée d’oxygène.

Emilie Weynants
© Ouest France

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