Risques auditifs : quand les musiciens en parlent aux musiciens

« La prévention par les pairs », un terme barbare mais cher à l’approche que soutient la Mutualité Française Pays de la Loire en prévention promotion santé. Cette démarche consiste à sensibiliser une ou plusieurs personnes d’un groupe pour qu’elles soient en mesure de décliner des actions de prévention auprès des autres membres du même groupe.

Exemple concret de cet effet « boule de neige » avec Julien Martineau.

Musicien, Julien est le coordinateur du CRIM (1) et du Silo (2). Ces deux structures clefs du monde musical sarthois se sont fortement impliquées dans la prévention des risques auditifs, notamment avec le soutien de la Mutualité Française Pays de la Loire.

 

Quelles démarches de sensibilisation aux risques auditifs avez-vous entreprises ?
Julien Martineau : En lien avec le réseau AGI-SON et le Pôle (3), cette sensibilisation est tout d’abord passée par la distribution de bouchons d’oreilles en mousse auprès des musiciens, dans notre lieu de répétition au Silo, mais également dans les salles de concert et les bars où pouvaient se produire les groupes. On a ensuite compléter cette offre par la mise à disposition, à l’accueil du Silo, de bouchons d’oreilles avec filtre acoustique, un intermédiaire entre les bouchons mousse et les bouchons moulés. Nous nous sommes également investis dans l’opération Pianissimo® proposée par la Mutualité. Nous co-organisons  l’opération et assurons le lien entre les musiciens sarthois souhaitant être équipés et la Mutualité. On met également à disposition une salle du Silo pour les rendez-vous  Pianissimo entre le musicien et l’audioprothésiste mutualiste.

Protéger c’est bien, mais faire prendre conscience du risque encouru c’est encore mieux. C’est ce que vous avez fait avec « l’Oreille » ?
JM : Oui, grâce à un financement de l’Agence régionale de santé Pays de la Loire, nous avons en effet installé ces fameuses oreilles dans nos salles de répétition. Ces appareils en forme d’oreille permettent d’indiquer en direct, au groupe qui est en train de jouer, le niveau sonore auquel les musiciens s’exposent. A la différence d’un sonomètre qui affiche des données chiffrées et pas toujours immédiatement interprétables en termes de nuisance, les oreilles affichent une couleur verte, orange ou rouge en fonction de la pression acoustique relevée. Cet appareil est un bon outil de sensibilisation. Il permet au groupe d’être rassuré par rapport à sa pratique ou au contraire de la modifier en cherchant le juste milieu sonore. Après leur répétition,  les musiciens peuvent également disposer d’un enregistrement des niveaux sonores de leur séquence de répétition. Cela peut leur permettre de voir l’évolution de leur pratique au fur et à mesure des répétitions.

Vous vous intéressez également au jeune public ?
JM : On s’adresse soit au jeune public spectateur de concert soit aux actuels ou futurs musiciens. C’est un public clef qu’il nous semblait important de toucher. Nous sommes pour cela relais des concerts de sensibilisation « Peace&Lobe » sur le département et contribuons à déployer l’opération dans le plus de salles possibles.  Nous ouvrons également régulièrement les portes du Silo aux jeunes pour leur montrer les différents métiers de la musique. C’est l’occasion pour eux de rencontrer des musiciens en répétition, qui abordent dans leurs échanges avec les jeunes la prévention de l’audition. Nous nous rendons également disponibles pour aller à la rencontre des jeunes pour leur parler des musiques amplifiées et des risques auditifs dans leur lycée ou lors de manifestations spécifiques.

Quel soutien vous a apporté la Mutualité Française Pays de la Loire dans votre démarche de prévention?
JM : Il y a eu un soutien opérationnel dans l’organisation de la campagne Pianissimo. Mais plus globalement, l’expertise sur les risques auditifs et sur les démarches de prévention a aussi été d’un très grand apport. Ce n’est pas évident au début de se lancer dans de tels projets. Un soutien comme celui de la Mutualité a été précieux pour pouvoir démarrer en confiance et être ensuite en capacité de déployer des actions de prévention en totale autonomie. C’est important pour nous d’entretenir des relations avec  un réseau d’acteurs de santé publique ou de spécialistes santé que l’on sait pouvoir solliciter en fonction de leurs domaines de compétences. Cette collaboration avec la Mutualité Française Pays de la Loire sur les risques auditifs dure depuis 2006 maintenant, pour la plus grande satisfaction de nos musiciens et techniciens du son.

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1 : Le CRIM, Centre Ressource-Info Musique en Sarthe, est au service des amateurs et professionnels de la musique sarthois pour les aider à développer leur groupe, organiser un concert, un festival ou tout type de projet musique. Il a étécréé en 2004 par l’association Bebop et est reconnu Centre Info départemental par le Conseil Général de la Sarthe depuis 2005.

2 : Situé au 27 rue François Monier au Mans, le Silo est un lieu de répétition et d’enregistrement disposant de 13 studios de répétition. C’est aussi un lieu d’échange entre musiciens.
Contact : 02 43 72 96 86

3 :  AGI-SON est un réseau national qui a pour but de contribuer à la réflexion et à la mise en œuvre de moyens de prévention, de formation et d’éducation en matière de gestion sonore. Ces actions sont coordonnées en Pays de la Loire par le Pôle, pôle de coopération des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la Loire.