Projet régional de santé : mode d’emploi

Le projet régional de santé (PRS) en Pays de la Loire a récemment fait l’objet d’une présentation par territoire dans chacune des délégations départementales de la Mutualité Française Pays de la Loire. Rencontre avec Laurence Browaeys, déléguée territoriale de l’ARS, à l’occasion de la session qui s’est tenue en Maine-et-Loire.

  • En quoi consiste le projet régional de santé en Pays de la Loire ?

Laurence Browaeys : C’est un projet co-construit avec les acteurs de santé du territoire qui détermine les grandes lignes de la politique de santé que l’on entend mener dans notre région sur les cinq ans à venir. Il a été promulgué en mars 2012. Il pose des orientations et des objectifs à atteindre ainsi que des programmes régionaux  par champs thématiques. Il ne s’agit pas d’un vœu pieux. Le PRS trouve une déclinaison concrète dans chacun des cinq territoires de notre région au travers de plans d’actions inscrits dans les programmes territoriaux. Cette organisation peut paraître complexe mais c’est ce qui garantit l’opérationnalité du PRS et sa traduction très concrète au plus près des besoins et de la réalité de nos territoires.

  • A quoi s’attache concrètement le PRS ?

LB : Il vise à repenser notre système d’offre en santé de manière à positionner la personne au cœur des préoccupations. Cela consiste à partir des besoins de la personne au regard de sa situation (qu’elle soit malade, âgée, en situation de handicap, en situation de précarité…) et de s’organiser de manière à ce qu’il n’y ait pas de rupture tout au long de son parcours de vie. Il s’agit de voir comment on articule l’offre de services en santé autour de la personne et non plus l’inverse.

  • Cette nouvelle ligne de conduite n’est pas sans bousculer les habitudes ?

LB : Cela vient en effet heurter certaines représentations qui pouvaient prévaloir jusqu’alors. Cette logique demande aux acteurs de différents corps de métiers (médecins, non médecins, issus du milieu sanitaire ou médico-social mais aussi élus, associations ou encore éducation nationale) de travailler ensemble de manière à répondre aux besoins de soins des personnes, et plus globalement à leurs besoins en santé. Cette nouvelle approche nécessite un temps d’adaptation mais cela fonctionne. Prenons, par exemple, le comité d’intégration des acteurs qui s’est mis en place en Maine-et-Loire autour du parcours de la personne âgée. Ce lieu permet la coordination des acteurs au plus près du terrain et la résolution, au cas par cas, de situations complexes dans lesquelles peuvent se retrouver des personnes âgées.

  • Le PRS prône l’efficience du système de santé. Comment faire mieux, ou aussi bien, avec autant, voire moins, de moyens ?

LB : C’est tout l’enjeu de ce que nous appelons la proximité organisée. Il s’agit de réfléchir à une répartition différente de l’offre en santé sur le territoire, qui assure une réponse aux besoins dans un souci de qualité mais aussi d’efficience. Car on le sait, l’offre en santé ne peut être déployée sans se préoccuper de son prix. Dans un contexte budgétaire contraint, la question de l’organisation de l’offre en santé se pose désormais en terme de choix et de priorités. C’est une question de « gradation » de l’offre : pouvoir accéder vite et en proximité quand c’est nécessaire et accepter d’accéder moins vite et plus loin quand cela nécessite une expertise spécifique et que ce n’est pas urgent. Cela amène nécessairement à porter les efforts sur les secteurs qui auront été jugés plus prioritaires que d’autres, en terme d’impact sur la santé de la population. Ne pas accepter de faire ces choix amènerait non pas à préserver notre système de santé mais, au contraire, à le fragiliser.

Propos recueillis par Annie Lebrun-Le Gall