La gale refait surface en Pays de la Loire comme en France. Et contrairement aux idées reçues, elle peut toucher tout le monde. Si ce n’est pas une maladie grave, elle peut devenir très contagieuse. Un seul remède : suivre scrupuleusement le traitement.
Et si vous faisiez le test autour de vous pour savoir qui a été concerné, de près ou de loin, par la gale. Vous seriez peut-être surpris du résultat. Car la gale n’est pas une maladie rare qui ne se développerait que dans des conditions de manque d’hygiène. La gale touche tout le monde et peut demain venir, chez vous aussi, vous chatouiller les poignets.
La gale : ca gratte, surtout la nuit
Car c’est là, entre autres, au niveau des poignets et des mains qu’elle peut se loger avec une prédilection pour les entre-doigts. Le coupable : le sarcopte, un acarien quasiment invisible à l’œil nu qui se loge sous la peau pour y pondre ses œufs. Ses endroits préférés après les mains : les coudes, les avant-bras, les aisselles, l’arrière des genoux, le nombril, les fesses, la plante des pieds… Sa présence laisse apparaître sur la peau des petits sillons mais ils ne sont pas toujours très visibles. Bien évidentes en revanche sont les démangeaisons très intenses que le sarcopte provoque, plus particulièrement la nuit ou à la sortie d’un bain chaud. C’est en fait la présence de ses excréments sous les sillons qui crée les démangeaisons.
Sur la piste du sarcopte
Et heureusement que cela gratte, car c’est quelquefois la seule gêne qui vous amènera à consulter un médecin. Mais là encore le sarcopte est un fin stratège car les signes cliniques qu’il laisse, à savoir « des boutons qui grattent », ne permettent pas d’emblée d’établir le diagnostic de la gale et peuvent emmener le médecin sur d’autres pistes dermatologiques plus courantes du type eczéma ou psoriasis. Alors un bon conseil : pensez à signaler à votre médecin que cela vous gratte surtout la nuit ou à la sortie d’un bain chaud. Cela pourra le mettre plus rapidement sur la piste du sarcopte. Car le retard de diagnostic favorise la progression de la maladie qui, bien que bénigne, guérira d’autant mieux que vous l’aurez prise à temps.
Il aime la peau...
Ce qui est certain, c’est que la gale ne guérit pas d’elle-même. Des complications peuvent même apparaître si vous la laissez s’installer (infections cutanées provoquées par le grattage…) et surtout vous favoriserez les risques de contagion. Car comme son congénère le pou, l’arme redoutable du minuscule sarcopte est bien sa facilité à coloniser la peau : la vôtre et celles des proches avec lesquels vous avez des contacts intimes ou de peau à peau. Une seule différence de taille cependant : le pou ne s’intéresse qu’à la chevelure, alors que le sarcopte, plus aventurier, peut aller explorer tout le corps humain.
...et les tissus
Son autre atout : pouvoir survivre quelques jours sur des tissus qui auront été en contact avec la personne malade, comme les fauteuils en tissu, les couvertures, le linge, les serviettes, les essuie-mains, la literie, les tapis… Les proches auront pu eux-mêmes utiliser ces mobiliers en tissu au risque de devenir, potentiellement eux-aussi, les hôtes de l’acarien. Attention cependant pas de panique. La contagion par les tissus et l’environnement, si elle existe bien, est cependant plus rare. Par ailleurs, la bête ne saute pas et meurt en quelques jours (entre 3 à 8 jours) en dehors du corps humain. Enfin, les objets de surfaces lisses (vaisselle, tables, chaises, téléphone, poignet de porte…) laissent le sarcopte de marbre.
Un vrai ménage de printemps
Ce qui ne doit pas vous laisser indifférent en revanche, c’est bien le traitement à suivre. Car on peut l’avouer, si la guérison peut être obtenue en deux ou trois jours, le traitement est cependant assez exigeant et son efficacité repose entièrement sur le respect des consignes : traiter rigoureusement et en même temps le malade et son entourage proche et laver et aspirer minutieusement son environnement (linge, vêtement et mobilier en tissu). Vous pouvez aussi positiver et voir cet épisode comme un vrai ménage de printemps.
60°C pour s’en débarrasser
Le médecin prescrira un traitement oral et/ou un traitement par badigeonnage de la peau pour le malade et les personnes de son entourage qu’il jugera « à risque ». Le linge de la personne atteinte et de ses proches devra également être traité ainsi que le mobilier en tissu. Et c’est là la partie la plus contraignante du traitement. Préparez-vous à faire plusieurs séries de machine à laver à 60°C et à croiser les doigts pour espérer qu’un temps ensoleillé permette le séchage rapide, à dormir sur des matelas gonflables quelques jours, à asperger de spray acaricide tous les vêtements et mobiliers en tissu ne supportant pas le lavage à haute température ou à les isoler dans des sacs plastiques fermés pendant huit jours. Vous toucherez le bon bout quand vous serez à l’étape ultime de passer l’aspirateur sur toutes ces surfaces en tissu traitées. Autre solution radicale si vous le pouvez : faites le traitement sur vous et vos proches puis quittez votre maison pendant huit jours. Loin de vous pendant une semaine, la bête n’aura pas survécu !
Parlez de votre aventure
Quelle que soit la méthode choisie, tenez-vous y. La gale ne sera ensuite qu’un épisode familial dont vous vous souviendrez peut-être avec humour. Une chose clef cependant : ne pas passer cette aventure sous silence. En effet, si les migrations et les voyages peuvent expliquer en partie la recrudescence actuelle de la gale, sa progression est aussi en grande partie due au tabou qu’elle représente (on n’en parle pas), engendrant une méconnaissance du public pour cette maladie (on ne pense pas à aller consulter assez rapidement, le médecin ne pense pas en premier lieu à un diagnostic de gale), et aboutissant au final à un traitement tardif qui laisse la voie libre à la contamination. Sensibiliser ses amis, son entourage familial et professionnel pour faire en sorte que la gale devienne aussi banale que les poux devrait aussi faire partie du traitement.