L’Association des maires de France et la Mutualité Française ont co-édité le 1er baromètre Santé-Social. L’étude dresse un panorama sur la situation en France en matière de santé environnementale, d’accès aux soins, de modes d’accueil des jeunes enfants et d’hébergement pour les personnes âgées.
Publiée en décembre par l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité et la Mutualité Française, la première édition du baromètre Santé-Social met en lumière l’urgence à agir en matière d’accès aux soins, de santé environnementale, d’accueil des jeunes enfants et des personnes âgées/handicapées. Initiatives de terrain à l’appui, le baromètre présente également la capacité des acteurs locaux et mutualistes à apporter des solutions justes et efficaces pour répondre aux besoins de la population.
Accès aux soins : des inégalités territoriales persistantes
Alors même que l’accès aux soins ne relève pas d’une compétence obligatoire pour les municipalités, les maires jouent bien souvent un indispensable rôle de coordination entre le territoire et l’offre de santé implantée sur celui-ci. La Mutualité Française agit pour sa part en faveur de l’accès pour tous à des soins de qualité. Elle développe et gère sur l’ensemble du territoire des services de soins et d’accompagnement mutualistes ouverts à tous et proposant un large éventail de soins et services au niveau local. Cependant, le baromètre dresse ici la nécessité de poursuivre les efforts pour adapter l’offre de santé aux besoins de la population en lien avec les spécificités territoriales, ainsi :
. En 2019, on dénombre en moyenne 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants en France. Les écarts sont importants entre les territoires, avec des densités de médecins très variables entre les départements les moins bien dotés (96 en Seine-et-Marne, 107 dans le Cher et 114 dans l’Yonne) et les départements les mieux dotés (170 à la Réunion, 181 dans les Bouches-du-Rhône et 242 à Paris).
. À l’inégale répartition des médecins sur le territoire, viennent s’ajouter à la fois l’augmentation de l’âge moyen des médecins et la hausse de la consommation de soins du fait du vieillissement de la population. Ainsi en 2019, un médecin généraliste sur trois a plus de 60 ans. Ces deux effets pourraient entraîner à court terme des tensions grandissantes en termes d’accès aux soins.
>> Exemple d’initiative locale : le service médical de proximité Henri Dunant de Laval créé en 2017 avec des médecins récemment retraités et des internes de médecine générale en fin d’études. Géré par le groupe mutualiste Vyv 3 Pays de la Loire, il dispense des soins aux patients sans médecin traitant et assure également les petites urgences (sutures simples, douleurs aigües, fièvres élevées…).
Santé environnementale : une inquiétude croissante
92 % des Français estiment que l’environnement a une influence importante sur leur santé. Avant même la crise du coronavirus, les Français se disaient inquiets du fait de nombreux facteurs environnementaux susceptibles de nuire à leur santé, tels que les pesticides, la pollution des sols, la qualité de l’eau du robinet. Différentes enquêtes réalisées par les agences régionales de santé confirment cette perception et montrent que les habitants sont majoritairement préoccupés par les risques liés aux pesticides mais également à la mauvaise qualité de l’air.
. Ainsi, en France, la qualité de l’air extérieur s’est globalement améliorée depuis 2008 mais dans plusieurs agglomérations, elle n’est régulièrement pas conforme aux normes européennes pour la protection de la santé humaine.
>> Exemple d’initiative locale : menée par la Mutualité Française Hauts-de-France et des communes de la région, en partenariat avec l’Education Nationale, l’« Opération Bulles d’Air » sensibilise des enfants de CM1 et CM2 aux polluants de l’air et à l’écocitoyenneté.
. L’exposition aux perturbateurs endocriniens (parabènes, bisphénol A, phtalates, chlordécone…) qui est suspectée de favoriser la puberté précoce, présente de grandes disparités régionales.
. La puberté précoce est dix fois supérieure chez les filles que chez les garçons. Les régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes apparaissent comme les plus touchées.
. Si l’impact de l’environnement sur la survenue des cancers est difficile à établir, des liens entre l’apparition de certains cancers et l’environnement sont prouvés. Des disparités territoriales sont également observées : pour les cancers les plus fréquents (sein, prostate), la distribution spatiale de la mortalité est hétérogène avec une surmortalité observée dans la partie nord du territoire (cancer du sein) et dans les parties nord et centrale (cancer de la prostate). Par exemple, une surmortalité pour le cancer du sein de plus de 10 % par rapport à la moyenne nationale est observée dans tous les départements des Hauts-de-France, dans les Ardennes, la Marne, en Seine-Maritime et dans l’Yonne.
Petite enfance et personnes âgées : des besoins en hausse
Les maires et présidents d’intercommunalité ainsi que les mutuelles ont à cœur de proposer une palette d’établissements et services. Ainsi ils gèrent en direct ou soutiennent des établissements et services à destination des personnes âgées et/ou handicapées ainsi que des modes d’accueil pour leurs enfants ou des services d’accompagnement à la parentalité.
. Le taux d’équipement en établissements pour personnes âgées s’établit en France à 124,3 places pour 1 000 personnes de 75 ans et plus à fin 2018. Ce taux est en hausse depuis 2007 avec en parallèle une augmentation forte de la population des 75 ans et plus sur la période.
. Le taux d’équipement en établissements pour personnes âgées varie sur le territoire. Il est plus élevé dans les départements ruraux. Le taux d’équipement est ainsi de 195,8 places pour 1 000 habitants de 75 ans et plus en Lozère, contre 92,6 à Paris et 39 à La Réunion.
>> Exemple d’initiative locale : la Cité des Aînés, créée sur l’initiative du groupe AESIO santé en partenariat avec la ville de Saint-Etienne, propose, sur un même lieu, une diversité d’habitats et de prises en charge des personnes âgées et des lieux de vie collectifs ouverts sur l’extérieur (commerces, restaurants, etc.).
. Concernant les modes d’accueil individuels et collectifs des enfants de moins de 3 ans, on compte 58,9 places pour 100 enfants au niveau national. L’écart se réduit mais le rapport s’établit de 1 à 6 entre le département le mieux doté (Haute-Loire) et le moins bien doté (Guyane). Ainsi, l’offre est six fois plus importante en Haute-Loire. En 2017, les 20 départements les mieux dotés ont un taux d’accueil près de 2 fois supérieur à celui des 20 départements les moins bien dotés.
Dans son édition de 2020, l’Observatoire-Place de la Santé passe aussi en revue la densité médicale et analyse les nouvelles pratiques qui offrent des perspectives encourageantes sur l’offre de soin.