Le nouvel Observatoire-Place de la Santé de la Mutualité Française est consacré au parent pauvre de la santé publique en France : la santé mentale. Alors que la situation s’est dégradée avec la crise sanitaire, l’étude met notamment en évidence les réalités du terrain. Qu’en est-il dans les Pays de la Loire ?
En France, 1 personne sur 5 est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes. Et la situation s’est largement détériorée avec la crise sanitaire, plus particulièrement auprès des jeunes et des personnes âgées.
La région des Pays de la Loire n’échappe pas à ce constat.
Addictions : les jeunes Ligériens en première ligne
La consommation répétée de substances psycho-actives (alcool et drogues) provoque un effet immédiat sur les perceptions, l’humeur et le comportement. Elle peut avoir des répercussions médicales, psychiatriques et psychologiques sur le long terme.
La France détient le triste record européen en matière de consommation précoce d’alcool et de drogues (cannabis).
La région des Pays de la Loire est la première touchée dans l’Hexagone pour l’usage de l’alcool chez les jeunes âgés de 17 ans (usage régulier et hyper-alcoolisation rapide).
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Suicide des jeunes : un taux régional plus élevé que la moyenne nationale
En l’absence de détection, de traitement et de prise en charge, les troubles de santé mentale peuvent avoir des effets délétères et induire notamment un risque de suicide.
Si le taux de suicide des adolescents est relativement faible par rapport aux autres classes d’âge, il est en revanche la deuxième cause de mortalité des 15-24 ans après les accidents de la route.
Les hospitalisations pour tentative de suicide sont particulièrement élevées chez les 12 -18 ans (et plus particulièrement les jeunes filles) : en moyenne 16,1 hospitalisations par an pour 10 000 habitants contre 1,5 pour les 18-64 ans.
Trois départements sur 5 des Pays de la Loire affichent un taux d’hospitalisation pour tentative de suicide des 12-18 ans supérieur à la moyenne nationale.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Par ailleurs, la France figure parmi les pays pour lesquels le suicide des personnes âgées est le plus élevé, même si celui-ci tend à diminuer ces dernières années.
Globalement, les Pays de la Loire se situent dans les régions les moins touchées par les tentatives de suicide chez les plus de 65 ans.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Psychiatres : Pas assez nombreux en Pays de la Loire
Si la France compte un nombre de psychiatres par habitant parmi les plus élevés d’Europe, leur répartition est très inégale dans les territoires.
Dans 4 départements sur 5, les Pays de la Loire affichent une densité de psychiatres inférieure à la moyenne nationale.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Un constat réjouissant cependant : la grande majorité des psychiatres libéraux ligériens exercent en secteur 1 (77% en moyenne contre 62 % dans l’Hexagone).
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Pédopsychiatres : une situation critique en région
La densité moyenne nationale de pédopsychiatres en France est de 5 médecins pour 100 000 enfants de 0 à 14 ans.
En Pays de la Loire, seul le département du Maine-et-Loire affiche une densité de pédopsychiatres similaire à la moyenne nationale. Les 4 autres départements sont en deçà de la moyenne, la Loire-Atlantique étant même totalement dépourvue de professionnels.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Psychologues : même écueil que pour les médecins généralistes
En France, la densité moyenne de psychologues est de 110 pour 100 000 habitants.
En Pays de la Loire, l’offre de psychologues est inférieure de 16 % par rapport à la moyenne nationale. Leur répartition inégale sur les 5 départements est similaire à celle des médecins généralistes avec un accès plus faible dans les départements de Sarthe, Mayenne et Vendée.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Des centres médico-psychologiques sous tension
Les centres médico-psychologiques (CMP) sont soumis à de fortes tensions. Les délais d’attente pour un premier rendez-vous (hors urgence) sont en moyenne de 67 jours.
Les Pays de la Loire restent dans la moyenne nationale pour le nombre d’établissements pour 100 000 habitants.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
En revanche, la région affiche une plus faible capacité en terme de places d’hospitalisation disponibles en psychiatrie par rapport à la moyenne nationale (114 places contre 137).
10 propositions
pour améliorer la prise en charge des patients
Au-delà du constat dressé dans l’Observatoire au niveau national et par région, la Mutualité Française fait 10 propositions pour améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiques. Quelques exemples :
déstigmatiser les troubles mentaux en développant des actions à destination du grand public ;
investir dans le dépistage et la prévention des troubles psychiques ;
faire évoluer les compétences des professionnels de santé par exemple, former des infirmiers en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale ;
pérenniser la prise en charge des consultations de psychologues en concertation avec les pouvoirs publics, l’Assurance maladie, les complémentaires santé et les professionnels ;
forfaitiser le reste à charge à hôpital et plafonner le tarif des chambres particulières
En savoir plus sur l'Observatoire-Place de la Santé consacré à la santé mentale
Selon l’OMS, la santé mentale se définit comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté ».
Ainsi, une bonne santé mentale se caractérise par l’absence de trouble mental et un niveau élevé ou optimal de bien-être.
Deux grandes catégories de troubles psychiques sont admises par l’OMS :
– Les troubles psychiques fréquents légers à modérés incluant deux pathologies principales : les troubles dépressifs et l’anxiété. Certains travaux englobent aussi les addictions.
– Les troubles sévères et persistants correspondant à des troubles chroniques avec des épisodes récurrents, plus rares et plus durables dans le temps. Peuvent être considérés comme relevant de ce champ les troubles psychotiques (dont la schizophrénie), les troubles bipolaires et les troubles dépressifs sévères.