Quels sont les effets du soleil sur notre santé et comment faire pour s’en protéger ? Ce sont les questions auxquelles a répondu Pierre Césarini, directeur de l’association Sécurité Solaire, lors de l’atelier « Le soleil donne » organisé par la Mutualité Française Pays de la Loire à destination de professionnels.
Le soleil est trompeur
95% des Français pensent que les coups de soleil surviennent lorsqu’il fait chaud mais c’est une idée reçue, malheureusement largement répandue lorsque l’on aborde les risques solaires. Qu’il fasse chaud ou non, les coups de soleil surviennent lorsque le soleil est au plus haut dans le ciel, c’est-à-dire plus on est proche de midi heure solaire (14h) et du solstice d’été (21 juin). Les rayons ultra-violets (UV) traversent alors une plus petite couche d’atmosphère et atteignent le sol en étant peu filtrés.
« C’est entre 12h et 16h, que le risque est le plus élevé. Regardez votre ombre est un moyen simple de vous rendre compte de la position de l’astre : si votre ombre est plus courte que vous, les rayons du soleil sont dangereux » informe Pierre Césarini.
Le soleil nous trompe également lorsque le ciel est gris ou qu’il fait frais. En effet, certains nuages comme les voiles nuageux d’altitude laissent passer 90% des UV. Le vent ou les embruns donnent une sensation de fraîcheur qui peut s’avérer très trompeuse. Même si le soleil ne brille pas ou que l’on ne ressent pas de chaleur, les risques de coups de soleil peuvent tout à fait être présents.
Prenez garde également à la réverbération : la neige et l’eau augmentent la quantité d’UV reçus par la peau et les yeux.
Eté ou hiver, nous exposons-nous aux mêmes risques ?
« La différence d’intensité du soleil en été et en hiver est liée à la position du soleil par rapport à l’axe d’inclinaison de la Terre ». Sous nos latitudes, en hiver, le soleil reste bas sur l’horizon. Ses rayons sont très inclinés par rapport à la verticale et donc inoffensifs. Inversement, en été, le soleil est haut dans le ciel. Ses rayons traversent alors une fine couche d’atmosphère et sont peu filtrés. Ils sont alors beaucoup plus intenses. On dénombre 10 fois plus d’UV en juin qu’en décembre par exemple.
Les effets du soleil sur notre santé
Il est vrai que nous avons besoin de soleil, mais quelques minutes par jour suffisent pour synthétiser la vitamine D dont notre corps a besoin pour fixer le calcium sur les os. C’est aussi le soleil, et l’alternance jour/nuit qui régulent notre horloge interne et nous donnent bonne mine.
Malheureusement il dispense aussi des dommages cellulaires pour nos yeux et notre peau en cas d’abus. Pour ce qui est des yeux, la cataracte est une maladie due aux effets du soleil qui se caractérise par une opacification du cristallin ; elle est la première cause de cécité dans le monde. « En France, elle est source de très importantes dépenses pour la Sécurité Sociale ».
Outre le vieillissement prématuré de la peau, le soleil est aussi à l’origine de cancers de la peau. Le mélanome, sa forme la plus dangereuse, est en forte augmentation en France avec plus de 8000 cas par an, et 1500 décès chaque année, majoritairement chez des individus jeunes. C’est même une des toutes premières causes de mortalité par cancer chez les 20/40ans. Le mélanome peut se caractériser par l’apparition d’une tâche pigmentée sur la peau ou par le changement d’apparence d’un grain de beauté existant. Il ne faut pas hésiter à montrer au dermatologue toute tache suspecte, car décelé précocement, le mélanome se soignera très facilement. Mais le mieux reste naturellement de se protéger et cela dès le plus jeune âge. En effet, 99% des mélanomes sont dus à des coups de soleil de l’enfance.
Duo gagnant : crème solaire et tee-shirt
Pour se protéger, il faut chercher l’ombre. Lorsque ce n’est pas possible Pierre Césarini rappelle que « rien ne vaut le port d’un vêtement sec : un tee-shirt en coton clair arrête 90% des UV. Attention lorsqu’il est mouillé, la protection est divisée par deux ». Pour les activités sportives en mer préférez les vêtements dits « anti UV » dont les fibres synthétiques apportent une réelle protection, même mouillés. Sur les zones que les vêtements ne couvrent pas, l’utilisation d’une crème solaire d’indice 30 est recommandée. Mais il faut l’appliquer soigneusement au moins toutes les deux heures, voire plus souvent si vous exercez une activité physique, vous baignez, ou transpirez….
Si votre peau est particulièrement sensible ou si vous partez randonner, n’hésitez pas à opter pour une crème indice 50 ou 50+. Lunettes de soleil enveloppantes et chapeaux sont eux aussi recommandés. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, des lunettes bas de gamme, en plastique feront l’affaire. « Toutes les enquêtes menées par la commission des consommateurs, la répression des fraudes ou les associations de consommateurs ont montré que ces lunettes étaient conformes à la norme européenne» précise Pierre Césarini.
La protection des enfants, c’est essentiel
A 18 ans, on a reçu environ la moitié des UV de toute sa vie. Cela est naturellement dû aux activités récréatives et sportives de plein air que l’on pratique davantage pendant l’enfance qu’à l’âge adulte. De plus, les enfants sont plus sensibles. Leur peau est plus fine, bronze moins bien, leur cornée et leur cristallin sont plus transparents aux UV. Quand on sait que 80% de notre capital solaire est « consommé » pendant l’enfance, on comprend la nécessité de se protéger dès le plus jeune âge.