Jusqu’à quand les bouleversements environnementaux et sociaux sont-ils soutenables : la présidente de la Mutualité Française Pays de la Loire, Sylvaine Astoul, tirait la sonnette d’alarme devant les militants mutualistes réunis en assemblée générale à Angers le 27 mai.
« Et non, le réchauffement climatique et les bouleversements environnementaux, sociaux et économiques qu’il implique ne sont pas des lubies pour scientifiques et défenseurs de l’environnement illuminés !
Le dérèglement environnemental touche la condition même de notre vie sur terre, impactant directement ce qui nous concerne en tant que mutualistes : la santé humaine.
Ce dérèglement environnemental pose la question du « JUSQU’A QUAND ? ».
- Jusqu’à quand la résilience environnementale sera-t-elle soutenable ?
- Jusqu’à quand l’amenuisement de nos ressources vitales (notamment l’eau et nos océans) sera-t-elle supportable ?
- Et jusqu’à quand notre système de protection sociale pour tous, tel qu’il fonctionne ou plutôt dysfonctionne aujourd’hui, sera-t-il tenable ?
Force est de constater qu’aucune de ces trois interrogations n’est traitée sérieusement.
On agit, oui, mais ponctuellement et dans l’urgence, à coups de normes, de lois et de taxes, sans aucune vue à long terme.
Et précisément la taxe, que le gouvernement veut imposer aux mutuelles en réponse au déficit budgétaire de notre système de santé, n’est pas une réponse sérieuse !
Se tourner vers nos organisations, notoirement bien gérées d’autant que la loi nous y oblige, est devenu un automatisme qui impacte non seulement nos structures, mais aussi et surtout nos adhérents.
Comme le rappelait le directeur de la Sécurité sociale, Pierre Pribile : “La Sécurité sociale n’est pas un état de nature, quelque chose d’évident. Elle existe parce que les Français l’ont voulue et ne pourra continuer à exister que si on continue à le vouloir.”
Mais dire que l’on veut ne suffit pas. Il faut aussi et surtout financer.
Et aujourd’hui, faute de réelle réflexion sur la richesse de notre modèle démocratique, social et solidaire, on laisse s’engouffrer de grands groupes lucratifs dans les failles de notre système de santé. « Les acteurs privés lucratifs gagnaient de l’argent en soignant. Maintenant ils soignent pour gagner de l’argent », soulignait Eric Chenut, président de la Mutualité Française, en pointant le manque de contrôle sur les revenus de ces acteurs.
On laisse s’engouffrer de grands groupes lucratifs dans les failles de notre système de santé.
Multiplier les soins inutiles, ne soigner que les patients rentables en privilégiant certaines spécialités plutôt que d’autres, sont des pratiques qui permettent de rémunérer les actionnaires avec d’excellents niveaux de rentabilité, a contrario des fragiles équilibres économiques que nous nous attachons à construire dans nos établissements de soins mutualistes à but non lucratif.
De la même manière, on voit de « vraies » mutuelles à but non lucratif perdre les appels d’offre pour la Protection Sociale Complémentaire des fonctionnaires au profit d’acteurs portés par des fonds d’investissement étrangers. Ce mouvement n’est pas qu’une menace pour les acteurs historiques, c’est le signal d’une volonté politique non seulement de faire entrer encore plus d’opérateurs lucratifs sur le marché, mais aussi de les financer par de l’argent public.
Qui voit ces menaces ? Le citoyen en est bien éloigné. La réflexion publique manque, et la visibilité de nos valeurs mutualistes également.
Le 44ème Congrès national de la Mutualité Française des 18, 19 et 20 juin prochains a pour ambition d’ouvrir la réflexion et de réunir nos valeurs, orientations, et résolutions en un Manifeste politique.
S’engager sérieusement sur les grands enjeux de demain
C’est ce manifeste que nous porterons en Pays de la Loire auprès des décideurs locaux et au sein de nos instances de représentation en santé pour qu’une vision prospective sur les grands enjeux environnementaux, sociétaux et de protection sociale soit enfin sérieusement engagée ».