Depuis plusieurs mois, 39 résidents du logement-foyer de la résidence mutualiste Louise-Michel à Saint-Nazaire suivent leur état de santé sur place grâce à une télécabine. La résidence est la deuxième à avoir été équipée en France.
Formes arrondies, blanc immaculé, 2,50 mètres de haut sur 1,80 mètre de long, la machine est installée depuis juin 2014 au deuxième étage de la résidence Louise-Michel, à Saint-Nazaire. Nom de code : H4D. Un petit air de (très vaste) cabine de douche ou de capsule spatiale.
Un vrai cabinet médical
On vous ouvre la porte et, là, c’est un véritable cabinet médical qui s’offre à vous : un siège et une batterie de capteurs qui permettent de vous peser, de vous mesurer et de calculer votre indice de masse corporelle, de prendre votre tension et votre pouls, de connaître votre taux d’oxygène dans le sang. On peut, si l’on y tient, enrichir le programme : électrocardiogramme, stéthoscope, fibre optique pour un examen ORL. Et même une caméra pour dialoguer à distance avec un médecin. À la fin de la consultation, la machine vous délivre un bilan écrit sur un ticket. Vous pouvez aussi transmettre instantanément les données à votre médecin traitant.
Télésurveillance et téléconsultation
Il paraît que le maniement de cette télécabine est simple. Yann Mellet, un infirmier préventionniste, est tout de même là pour aider les pensionnaires de la résidence à apprivoiser la machine. Des pensionnaires qui sont plutôt fiers de cette nouveauté : la télécabine a été la deuxième à fonctionner en France. Et l’enjeu n’est pas mince puisque la médecine à distance est en passe de révolutionner bien des habitudes. À terme, s’offriront deux grandes possibilités. D’abord, la télésurveillance qui permet à un médecin, par exemple dans le cadre du suivi d’une maladie chronique, d’être renseigné à distance sur les constantes physiologiques d’un patient et d’intervenir rapidement en cas de besoin. Ensuite, la téléconsultation, c’est-à-dire, comme son nom l’indique, une consultation à distance, éclairée par les mesures prises par la machine.
Plus de temps pour le diagnostic
On serait tenté de croire qu’un tel équipement est surtout utile à des habitants vivant dans des déserts médicaux. Mais elle peut aussi compléter l’offre sanitaire locale en milieu urbain comme à Saint-Nazaire. C’est en tout cas l’intérêt qu’y voit Élisabeth Marsan, chargée des projets de soins à Mutualité Retraite qui gère des établissements et des services destinés aux personnes âgées. On peut ainsi, résume-t-elle, « rationaliser le temps médical ». Moins de temps perdu en déplacements du patient comme du médecin. Moins de temps gaspillé dans des contrôles de routine. Et plus de temps consacré au coeur de la fonction : le diagnostic, la prescription.
S’ouvrir au quartier
Le test mené auprès des 39 résidents du foyer, des personnes âgées mais autonomes, est concluant. « Cette télécabine les aide à devenir de véritables acteurs de leur santé », assure Élisabeth Marsan. Le moment approche donc de passer à la vitesse supérieure avec des médecins disposés à donner des consultations à distance. Et d’élargir le cercle des utilisateurs, peut-être au reste du quartier. Déjà, le bouche à oreille fonctionne. De nombreux retraités qui ne résident pas au foyer viennent y prendre leur repas. Et à table on bavarde. Dans le tout nouveau journal interne créé à la résidence Louise-Michel, c’est un article sur la télécabine qui faisait la Une…
Thierry Guidet
Article publié dans le hors-série de Place publique « Les mutuelles, une idée neuve » édition de Nantes/Saint-Nazaire